Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais elle est faite pour toujours, tandis que la chaleur & l’humidité successives que le bois éprouve, le fait déjeter & pourrir. Si ces dernières sont supportées par des piliers & non par un mur, le dessous sera immanquablement un réceptacle d’ordures, & par conséquent un foyer de putridité qui viciera l’air. Le palefrenier ou le valet de la métairie, chargé du bétail, pousse dans ces espèces de niches, la paille chargée d’urine & d’excrémens, la fermentation s’y établit, & voilà encore une masse d’exhalaisons putrides, précisément sous le nez de l’animal. Ne se convaincra-t-on donc jamais que la sensibilité des animaux est aussi forte que la nôtre ? nous avons le sens du toucher, ils ne l’ont pas, mais la nature les dédommage par la perfection qu’elle donne à leurs autres sens. Je ne connois rien de si fin, de si délicat, que l’odorat des mules & des mulets ; la plus légère mal-propreté, la plus petite mauvaise odeur, soit dans le boire, soit dans le manger, les dégoûte au point de leur faire refuser la nourriture ou la boisson. Propriétaires, ne perdez jamais de vue que la santé des animaux dépend en grande partie de cette propreté, & sur-tout de l’air qu’ils respirent : après la qualité des alimens, ce sont les deux points les plus essentiels.

4°. Des barres. Morceau de bois arrondi, de trois pouces de diamètre, de dix à douze pieds de longueur, attaché d’un côté à l’auge, & ordinairement soutenu de l’autre par une corde qui pend du plancher ou de la voûte à quelques pieds au-delà de la croupe du cheval. Dans les cantons où le bois n’est pas cher, je préférerois de placer chaque animal dans une espèce de loge haute de quatre pieds, & formée par des planches, de manière que l’animal se coucheroit, se leveroit sans incommoder ses voisins. Les barres suspendues avec des cordes ont de grands défauts. Si l’animal fait un mouvement brusque, il la chasse avec force sur l’animal voisin ; le coup peut le meurtrir : celui-ci effrayé, se retire avec précipitation du côté opposé à celui d’où lui vient le coup, & sa barre frappe l’animal suivant, &c. Si un cheval se cabre, se dresse, donne des ruades, la barre peut se placer entre ses jambes & le blesser. Il vaut donc infiniment mieux que la barre fixée du côté de l’auge, le soit également sur un pilier en bois à l’autre extrémité, & même par un ou deux piliers dans le milieu, elle en sera plus solide.

5°. Des ustensiles. Je comprends sous ce mot, l’étrille, l’époussette, les brosses, les peignes, les éponges, les ciseaux, la pince à poil, le cure-pied, le couteau de chaleur, les fourches de bois & non de fer, les pelles, les balais, les seaux, les auges portatives, les cribles, les civières, les brouettes, &c.

Dans chaque grande métairie ou ferme, il est indispensable d’avoir une écurie particulière & uniquement destinée aux animaux malades, & éloignée de toute autre écurie. Ici, plus particulièrement encore, doit régner un air pur & tempéré, & la plus grande propreté.


ÉCUSSON, ÉCUSSONNER. L’écusson est un petit morceau d’écorce, détaché de quelque jet d’un arbre, & qui contient un bouton nommé œil, qui deviendra un bourgeon lorsqu’il