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ce, mais encore les parties tendres comme les feuilles, les fleurs & les fruits. Il faut cependant observer ici, que si par le mot écorce, on entend cette partie de l’arbre composée du liber, des couches corticales & de l’épiderme, alors on a tort de dire que l’écorce revêt toute la plante ; mais, si par ce mot on veut désigner, comme quelques auteurs botanistes, & comme le vulgaire, la substance extérieure de la plante, il est vrai de dire alors que l’écorce est l’enveloppe générale de la plante. Nous verrons plus bas que, dans ce sens, ce nom ne convient exactement qu’à l’épiderme, & que l’écorce, proprement dite, n’est pas la même, non-seulement dans la plante herbacée & dans l’arbre, mais dans les différentes parties du végétal ; nous exposerons en même temps les raisons pour lesquelles la nature les a variées.

Pour mettre de l’ordre dans tout ce que nous avons à dire sur l’écorce en général, nous considérerons, 1°. chacune de ces parties dans l’arbre ; 2°. sa formation & son accroissement ; 3°. son utilité ; 4°. l’écorce dans la plante herbacée, dans la corolle, les feuilles, les fruits ; &c. 5°. les avantages que l’on peut retirer de l’écorce, soit dans les arts, soit dans la médecine.

Section Première.

Anatomie de l’Écorce.

Si l’on coupe une branche d’arbre, ou si l’on scie un tronc d’arbre, l’on remarquera facilement une couche concentrique & extérieure d’une couleur différente que celle du bois ; mais qui l’accompagne exactement dans toutes ses sinuosités, de façon que si le bois n’est pas rond, mais qu’il soit ovale ou polygone ou échancrée, la couche corticale décrit intérieurement, exactement la même figure, quoique souvent à l’extérieur elle affecte plus généralement la figure circulaire. De-là vient que, dans les troncs ou les branches, la couche corticale n’a pas par-tout la même épaisseur. Dans les blessures qu’un arbre reçoit, l’écorce en recouvrant la plaie, suit assez exactement les sinuosités qu’elle avoit. Quelle est donc cette production végétale si utile & si nécessaire ? Pour la bien connoître nous en allons faire l’anatomie.

Avec la pointe d’un canif ou d’un autre instrument tranchant, enlevez la première peau extérieure de l’écorce. Cette première peau plus ou moins mince dans les différentes plantes & arbres, se nomme épiderme. C’est la première partie de l’écorce. Au-dessous de cet épiderme, on apperçoit une substance succulente & parenchyrimateuse, ordinairement verte ; c’est l’enveloppe cellulaire & la deuxième partie de l’écorce. Au-dessous de l’enveloppe cellulaire, on remarque des fibres entrelacées les unes dans les autres, formant un tissu assez serré & des couches ou zones circulaires ; mais en même temps, avec une loupe ou au microscope, il sera très-facile de remarquer que ces fibres ne sont pas tellement liées les unes aux autres, qu’elles forment des mailles comme celles d’un filet ; ces mailles sont remplies d’une matière succulente, analogue à l’enveloppe cellulaire. Ces différentes zones ou couches corticales, sont enfin terminées intérieurement par une couche particulière nommée liber, & qui paroît tenir le milieu entre les