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tissu réticulaire, un parenchyme plus ou moins épais, mais plus ordinairement encore comme desséché & dépourvu du suc propre qui le rend succulent dans les autres parties de la plante. J’ai cru appercevoir que les mailles du tissu réticulaire étoient infiniment plus petites, & contenoient très-peu d’utricules ou de substance parenchymateuse dans les écailles.

Rien d’inutile dans les productions de la nature ; plus on l’observe, & plus on se convainc de cette vérité. Si les écailles avoient été succulentes, elles auroient été plus molles & moins dures, moins fermes ; par conséquent elles n’auroient pas rempli les vues de la nature. Les écailles forment l’enveloppe des boutons à fleurs ou à feuilles dans les arbres & les arbrisseaux. Ces écailles sont plus épaisses que les autres, & beaucoup plus parenchymateuses, au point même que les écailles intérieures sont succulentes : leur forme & leur composition annoncent assez que la nature en enveloppe le germe du bourgeon, comme d’un maillot qui doit le défendre non-seulement de l’eau & de la neige, mais encore du froid & des frimats. Voyez au mot Bouton, des détails plus circonstanciés sur les écailles, Tome II, Page 435.

Dans les fleurs à chaton les écailles tiennent lieu de corolle ou de réceptacle, & c’est dans leur sein que se passe le mystère de la reproduction. Si l’on considère les fleurs du saule ou du peuplier, par exemple, on remarquera facilement des écailles plus ou moins rapprochées, disposées autour d’un axe commun, & recouvrant pour ainsi dire les pistils & les étamines. Elles remplissent les mêmes fonctions dans les graminées, sous le nom de bale ; (voyez ce mot) elles font l’office de calice commun dans presque toutes les fleurs composées proprement dites, comme on peut le remarquer dans la fleur du chardon, de la chicorée, &c.

Les boutons & les fleurs ne sont pas les seules parties des plantes, qui soient garnies d’écailles ; on en rencontre dans beaucoup d’autres endroits, & on peut même dire qu’on en rencontre dans toutes les parties extérieures : l’écorce ou la tige est écailleuse dans l’orobanche, le tussilage, & ces écailles sont courtes, épaisses & membraneuses ; la racine bulbeuse est écailleuse ou plutôt la bulbe, (voyez ce mot) n’est qu’une amas d’écailles épaisses & succulentes. Le chaume, le pédoncule sont quelquefois garnis d’écailles disposées en recouvrement. Les cônes (voyez ce mot) en sont absolument composés. M. Guetard a observé que les glandes sont quelquefois en écailles, & il en a même fait une division pour cette partie végétale.

Les écailles varient non-seulement pour la forme, mais encore pour la couleur. Nous avons vu que dans le bouton à fleurs ou à feuilles, les écailles extérieures sont d’un rouge sombre, & brun, tandis qu’elles sont vertes dans l’intérieur. Elles sont vertes & aiguës dans le calice commun du doronic ; elles sont jaunes, brillantes, ovales dans l’immortelle jaune ; blanches & luisantes dans le pied-de-chat ; pointues, cannelées, épineuses à leur extrémité & sur les bords dans le chardon-marie ; obrondes & ovales dans l’artichaut ; lancéolées, aiguës, mais sans piquans dans la sarrette ; ciliées dans les jacées ; den-