Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du cheval. Leur force & leur roideur doivent être assez considérables, afin qu’ils ne plient point entre leurs bouts : s’ils étoient foibles, ils céderoient trop aisément à la puissance qui agit sur les manches de la charrue, pour faire piquer le soc à une profondeur convenable dans le sillon ; la pointe du soc s’enfonceroit trop, tandis que la queue s’élèveroit ; pour lors les chevaux auroient beaucoup de peine à tirer ; la charrue par conséquent iroit très-mal. Pourvu qu’il y ait une place suffisante devant la barre ou la traverse, pour le cheval limonier, les limons seront assez longs. À grosseur égale, plus ils sont courts, plus ils sont forts & roides.

La profondeur du sillon dépend de la dossière qui élève ou abaisse les limons : quand on raccourcit la chaîne ou la dossière, en avançant le crochet dans un des anneaux, on élève les limons ; étant cloués sur la planche, qui l’est elle-même sur l’extrémité de la flèche, ils soulèvent par conséquent le soc, qui ne pénètre plus si profondément dans le sillon ; les chevaux pour lors tirent plus aisément, parce qu’ils n’ont pas à vaincre une force si considérable. Quand on alonge, au contraire, la dossière, en retirant le crochet des anneaux, les limons baissent davantage ; le soc qui n’est point soulevé, & dont la direction n’est point contrariée, s’enfonce à une plus grande profondeur dans la terre.

M. Tull ayant imaginé cette charrue légère pour labourer les semis de bois, pour travailler la terre à côté des blés, sans qu’ils fussent endommagés par les pieds des chevaux, il falloit trouver un moyen de faire aller le soc aussi près des plantes qu’il fût possible, sans qu’elles fussent exposées à être foulées par les chevaux qui tirent. Pour y réussir, il chercha à donner au soc une direction différente de celle du cheval : il y parvint, en pratiquant des trous à la planche, sur la même ligne que ceux qui y étoient déjà, dans lesquels entroit une vis pour la fixer solidement sur l’extrémité de la flèche. Il en fit encore plusieurs sur la même ligne que celui qui recevoit une vis pour attacher la chaîne du palonnier, afin de changer sa position, quand celle de la planche le seroit sur le bout de la flèche.

Au moyen de ces trous faits à la planche, il étoit facile de l’ajuster sur la flèche, de manière que le pas du cheval ne fût plus dans la même direction que celle du soc. Quand il est nécessaire que le soc s’approche de la gauche, on pousse la planche à droite, & on la fixe sur la flèche, avec les vis qui entrent dans les trous qu’on y a pratiqués : dans cette position, le cheval tire à la droite ; son pas n’a plus la même direction que celle du soc, qui vient à gauche sillonner la terre aussi près des plantes qu’on le désire, tandis que le cheval qui marche à la droite sur une ligne presque parallèle à celle que trace le soc, ne peut point endommager les plantes, dont il est assez éloigné pour qu’elles soient hors d’atteinte d’être foulées & brisées par ses pieds.

Section VI.

Charrue chinoise, avec laquelle on sème en même temps qu’on laboure.

La charrue chinoise (Voyez Fig. 11,