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L’âge de cette charrue est rond jusqu’à l’endroit où est placé le coutre ; le reste qui va s’unir au sep est octogone. Le double manche est uni au sep par son tenon qui est reçu dans la mortoise pratiquée à cinq ou six pouces du talon du sep : l’âge traverse le double manche au-dessous de la fourche, & elle va s’assembler au talon du sep, où son tenon est reçu dans la mortoise pratiquée à cet effet. L’âge, dont la courbure est peu considérable, est encore unie au sep par la scie dont les deux tenons sont reçus dans les mortoises pratiquées à l’âge & au sep ; sa figure est courbe & elle est placée de manière que son côté convexe est tourné vers le talon du sep. À l’endroit où l’âge est traversée par le coutre, il est fortifié par deux cercles de fer qui empêchent le bois de se fendre quand on enfonce les coins pour assujettir le coutre en place.

Le sep se termine en pointe, pour recevoir le soc qui garnit son extrémité antérieure.

Au-dessus du sep sont placés les coigneaux ; ils sont faits d’un morceau d’orme en forme de fourche, dont les deux branches s’assemblent sur le sep au moyen d’une cheville de bois ou de fer. La partie où les deux branches de coigneaux se réunissent, couvre le soc qui passe exactement entre le sep & les coigneaux.

L’oreille ou le versoir de cette charrue, est une planche contournée en aile de moulin, placée au côté droit de la charme pour renverser la terre ouverte par le coutre, & coupée par le soc qui le suit. Ce versoir est chevillé à l’extrémité antérieure du sep ; son autre bout est assujetti contre l’âge en dehors, par une forte cheville. Quand il n’est pas attaché à l’âge, on met sur le sep un morceau de bois incliné & appuyé contre les manches, afin de le soutenir & d’empêcher que la pression de la terre le renverse sur le sep.

La surface inférieure du sep qui glisse sur la terre, est garnie d’une bande de fer, qu’on nomme la happe à talon, afin qu’il ne s’use point par les frottemens ; ce qui arriveroit sans cette précaution.

Les charrues à versoir peuvent tenir lieu de celle-ci, qu’on peut se dispenser de faire construire, pourvu qu’on ait des limons selon le modèle qu’on va donner, auxquels on pourra aisément adapter l’arrière-train des charrues à versoir qui sont en usage dans différentes provinces.

Cette espèce de petit avant-train consiste dans les deux limons AA, (Fig. 9. Pl. 2, p. 73.) assujettis par l’entre-toise BB, qui est à une distance convenable, pour qu’un cheval puisse aisément y être attelé. L’éparts CC, est une traverse qui repose sur les limons ; elle y est fixée par deux chevilles de fer : c’est sur elle que repose le bout de l’âge D. En changeant la position de l’éparts, on force la charrue à piquer plus ou moins : en l’approchant de l’entre-toise, la charrue pique davantage dans le terrein, parce que la pointe de l’âge baisse ; en l’éloignant elle pique moins, parce que l’âge se trouve plus élevée. Il est très-facile de changer cette position de l’éparts, en l’avançant ou le reculant à son gré, ce qu’on exécute en l’arrêtant où l’on desire, par le moyen des chevilles qu’on met dans les différens trous pratiqués sur les limons.