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coule par les intestins ; elles sont alors rouges & épaisses, parce que les principes en sont rapprochés ; la peau est sèche & rude, parce que l’insensible transpiration est diminuée : le malade maigrit beaucoup, parce que les sucs nourriciers sont emportés par la diarrhée.

Quand la diarrhée est simple & légère, c’est une crise salutaire qui tend à la dépuration du corps, & qui provient de maladies graves : Celle qui est symptomatique, c’est à-dire, qui est produite par les maladies des autres parties du bas ventre, est dangereuse en raison de l’importance des parties affectées, & des degrés de leur affection. La diarrhée critique est toujours salutaire, & il faut éviter, avec le plus grand soin, d’en arrêter le cours ; on troubleroit la marche de la nature, & les plus grands désordres suivroient cette conduite pernicieuse. Si la diarrhée critique affoiblit trop le malade, il est prudent d’en diminuer l’excès ; mais c’est à la prudence & aux lumières des gens de l’art, de fixer la conduite qu’il faut tenir dans ces cas épineux.

Pour guérir la diarrhée, il faut saisir la cause qui l’a fait naître, & se conduire d’après la nature de cette cause.

Si la diarrhée reconnoît pour cause l’irritation, il faut employer les relâchans en lavage ; si elle est le produit du relâchement, il faut prescrire l’usage des amers. Voilà pour la conduite générale : entrons dans des détails nécessaires.

Dans presque toutes les diarrhées, l’estomac est le premier siége des matières corrompues qui les alimentent : or, l’expérience a prouvé, d’une manière victorieuse, que les émétiques donnés à propos arrêtoient les progrès de la diarrhée. Il faut donc donner les émétiques au commencement du traitement, avec cette précaution seule, que si la diarrhée vient de cause irritante, il faut détremper, par des boissons humectantes & des lavemens émolliens, avant d’en venir aux émétiques. Si la diarrhée vient de relâchement, il faut, sans hésiter, placer les émétiques à la tête des remèdes qui déterminent la guérison, & se servir de l’ipécacuanha de préférence aux autres émétiques ; il a le double avantage d’être émétique amer & astringent. Après l’effet de l’émétique, on purge le malade pour nettoyer les intestins, on lui fait prendre le soir quelques gros de sirop diacode. On continue l’usage des lavemens adoucissans, deux ou trois gros de diascordium, le seul des électuaires anciens qui ait de la vertu, sur-tout dans une maladie qui vient d’irritation.

Si elle vient de relâchement, on donne au malade quelques tasses de décoctions amères ; le simarouba est dans ce cas un remède excellent : on donne de plus, trois ou quatre fois par jour au malade, une pilule faite avec un grain d’ipécacuanha, & six de grains de thériaque.

On le purge avec une once de catholicum, six grains d’ipécacuanha, deux onces de demie de manne, & un gros de sel de glauber : on réitère les purgations suivant l’exigence des cas, & on diminue les doses à raison de l’âge, du sexe, du tempérament : on observe le régime avec scrupule, on ne nourrit le malade qu’avec des alimens sains, des farineux cuits au gras, des plantes pota-