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Si les dartres sont opiniâtres, on fait prendre au malade le suc de scabieuse, de cerfeuil & de cresson, à la dose de trois ou quatre onces par jour, on le met au lait pour toute nourriture, on lui fait boire la décoction de racine de patience sauvage & d’aunée ; on le met enfin à l’usage des bouillons de vipère & on lui fait prendre les eaux thermales de Balarue, Plombières, Barège ou d’Aix-la-Chapelle.

Mais si les dartres sont anciennes & croûteuses & résistent à tous les remèdes, il est d’une nécessité indispensable d’ouvrir des cautères pour détourner l’humeur qui alimente les dartres ; on baigne le malade, on lui fait prendre les bouillons de vipère, les sucs de cresson, de cerfeuil, de scabieuse, & on le met au lait pour toute nourriture.

Un médecin anglois prétend avoir guéri des dartres très-anciennes, en faisant faire usage au malade pendant trois mois, d’un gros de sel de nitre fondu dans une pinte d’eau avec un peu de sucre ; le malade buvoit tous les matins à jeun cette pinte d’eau ainsi préparée : nous n’avons pas essayé l’efficacité de ce remède, mais nous ne le croyons pas dangereux.

D’autres ont conseillé le remède suivant : prenez antimoine cru & sucre en poudre, de chaque un gros ; divisez en douze paquets ; le malade en prendra trois paquets dans la journée, boira par-dessus une tasse d’infusion de scabieuse, & continuera tous les jours pendant un an.

Tous les topiques que l’on conseille, tels que la crème, les pommades les onguens & les baumes, sont des remèdes dangereux en ce qu’ils facilitent, déterminent même la rentrée des dartres, & exposent le malade à d’autres maladies plus dangereuses, comme nous l’avons démontrés plus haut. D’ailleurs, jamais un topique ne peut guérir une maladie dont la cause est intérieure ; mais le peuple peu accoutumé à comparer des idées ne voit pas plus loin que l’extérieur, & il est toujours dupe de son ignorance.

On peut seulement se permettre, lorsque les démangeaisons sont très-fortes, de laver les dartres avec les décoctions de patience sauvage de fleurs de sureau & de chelidoine.

Si les dartres rentrent, il faut, pour faciliter leur apparition & détourner l’orage dont le malade est menacé, appliquer sur l’endroit même où les dartres siègeoient, un emplâtre de vésicatoire, & faire boire au malade quelques tasses d’infusions sudorifiques légères : ensuite il faut ouvrir des cautères pour fixer l’écoulement de la matière principe, & pour s’opposer à sa rentrée.

Nous avons rapproché dans cet article, tout ce que l’observation & la raison nous ont donné de plus certain sur les dartres. M. B.


DARTRE, Médecine Vétérinaire. Elle est formée par l’assemblage de plusieurs petites pustules plus ou moins perceptibles, qui s’élèvent & se répandent par place sur la peau. Ces pustules contiennent une sérosité prurigineuse, à mesure qu’elle s’accroît dans les petites cavités qui la renferment ; elle y excite des demangeaisons, elle en soulève la sur-peau, la brise, & s’épanche insensiblement sur les parties qui l’avoisinent.

Le cheval, ou le mulet, ou le