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on fera de petites planches, sur lesquelles on sèmera en automne la graine de cytise ; ensuite on arrachera ces planches au printemps, de façon qu’il y ait entre chacune quatre pieds d’intervalle en tout sens. Si vous n’avez pas de graines, vous mettrez en terre, au printemps, des cimes de cytise, auprès desquelles vous entasserez la terre que vous aurez fumée auparavant. S’il ne vient point de pluie, vous les arroserez les quinze premiers jours ; vous les sarclerez dès qu’elles commenceront à montrer les premières feuilles, & trois ans après vous les couperez pour les donner aux bestiaux. Il suffit de quinze livres de cytise vert pour le cheval, & de vingt livres pour le bœuf : on en donne aux autres bestiaux à proportion de leurs forces. On peut aussi planter assez commodément le cytise en bouture avant le mois de septembre, parce qu’il prend facilement, & que rien ne lui fait tort. Si vous le donnez sec aux animaux, il faut le leur épargner plus que s’il étoit vert, parce qu’il a alors plus de vertu : il faut même le tremper auparavant dans l’eau. Quand vous voudrez faire sécher le cytise, coupez-le vers le mois de novembre, lorsque sa graine commencera à grossir, & mettez-le au soleil tendant quelques heures, jusqu’à ce qu’il se fane ; faites-le ensuite sécher à l’ombre, & serrez-le après ».

De quelle espèce de cytise parle Columelle ? Il n’est pas aisé de le décider. J’ai décrit ceux qui croissent communément en Italie & dans nos provinces méridionales ; c’est sans doute d’un de ceux-là. Le cytise velu est celui qui me paroît mériter la préférence sur tous les autres, & il faut placer après lui le cytise de Montpellier. Que je plains les pays où l’on est réduit à traiter les cytises en culture réglée ! Labourer, défoncer le terrein, le fumer, sarcler, attendre pendant quatre ans une récolte, toujours chétive dans les sols maigres, quoiqu’en dise Columelle ; être obligé de faire tremper dans l’eau les pousses, afin de les ramollir avant de les donner aux bestiaux, sont autant de motifs qui engagent à négliger cette culture : celle du sainfoin rendroit plus, & donneroit moins de peine. Si les fourrages sont rares, culture pour culture, je préfèrerois celle des ers, des vesce, des fèves, que l’on sèmeroit dans les pays chauds, au mois de novembre ; j’ajouterois encore la culture de la pimprenelle qui fourniroit une bonne coupe. Je vois, dans mes environs, des cytises, même ceux qui ne sont pas broutés par les troupeaux, & ils ne me donneront jamais l’envie de le soumettre à la culture réglée. Si quelqu’un, malgré ce que je dis, désire le cultiver, au moins qu’il ne sacrifie pas du bon terrein, d’après le conseil de plusieurs écrivains modernes : toute autre culture rendroit beaucoup plus.