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la droite dans le lien supérieur & sur la face de devant, elle occupera la gauche sur la même face dans le second lien ; la droite sert pour le troisième, & la gauche pour le quatrième ; il en est de même pour tous les liens de chaque face, dans quelques endroits le lien de devant & de derrière est garni d’une mortoise à chacune de ses extrémités, & les extrémités des deux autres sont garnies par des tenons. Je crois que les douves sont plus serrées par la première méthode.

IV. Des cuves rondes avec des liens. Dans les provinces méridionales où les grands cerceaux sont prodigieusement coûteux, on a imaginé des liens moins dispendieux, & la nécessité a fait naître l’industrie. La Figure 2 représente une de ces cuves vue en perspective, & ces liens marqués A ; la Figure 3, fait voir le fond de la cuve garnie de ses liens A, pour soutenir les douves perpendiculaires dont la place est marquée en B, & dans le jable desquels s’enfonce le clain du fond C ; la Figure 4 offre le profil d’une partie des courbes qui forment le lien, & fait voir leur assemblage. Chaque pièce de bois a communément trois pieds de longueur, quatre pouces de largeur & trois pouces de hauteur. Chaque extrémité est échancrée, ainsi qu’on le voit Figure 4, & les pièces A sont réunies par des chevilles B qui les traversent de part en part. Pour trouver la courbe nécessaire, on entaille le bois ; il vaudroit mieux, si la chose étoit possible, trouver des morceaux de bois qui eussent la courbure nécessaire, parce que le bois seroit à droit fil & par conséquent plus solide.

V. Des cuves en maçonnerie. Je préfère celles-ci à toutes les autres : une fois construites avec soin, elle n’exigent plus aucune réparation, & on peut les appeler des cuves éternelles. Je crois même que celles en bois sont plus coûteuses. Cet objet mérite une attention particulière de la part des grands propriétaires de vignobles.

La forme quarrée est la plus avantageuse, & en même temps la plus économique, parce que, si on construit trois cuves à côté les unes des autres, on économise & la matière & la main d’œuvre de deux murs. Il y a deux manières de les construire, ou en béton, ou en pouzzolane. (Voyez ces mots) J’ai oublié de dire, en parlant du béton, que la proportion de la chaux devoit être d’un cinquième plus forte que pour le mortier ordinaire, à moins que la chaux ne soit d’une qualité supérieure. Je n’ai pas encore assez insisté sur la qualité du sable : plus il est pur, c’est-à-dire, moins il contient de parties terreuses, & meilleure est la construction. Il faut donc laver le sable à grande eau, afin qu’elle entraîne les molécules terreuses. Ces attentions sont essentielles dans la construction des cuves.

On ne peut, pour les cuves, employer le béton comme pour les caves & les fondations des édifices : il faut ici construire des encaissemens avec des planches bien jointes ensemble, & soutenues par derrière avec des piquets.

Nous supposons qu’un propriétaire veuille construire trois cuves sur un même alignement, & qui se toucheront ; nous supposons encore que chacune de ces cuves aura huit