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faits dans l’agriculture ; 3°. d’offrir le parallèle de l’agriculture ancienne avec la moderne ; 4°. de soumettre au jugement des lecteurs instruits dans la manière de cultiver, les principes sur lesquels chaque auteur a établi sa méthode. M. D. L. L.


CHAPITRE VIII.

Des Principes d’après lesquels il paroît qu’on peut se régler sur la culture des Terres


Je n’entrerai dans aucun détail sur la comparaison ou l’utilité des systêmes d’agriculture qui ont eu de la célébrité, & que M. de la Lause vient de présenter dans le plus grand jour. Le lecteur jugera facilement en quoi mes principes s’en rapprochent ou s’en éloignent, & prononcera sur les uns comme sur les autres. Je puis peut-être avoir bien vu, & peut-être m’être trompé : l’article Culture, tel que je le présente aujourd’hui, a servi de base à tous ceux que j’ai imprimés jusqu’à ce jour, ainsi qu’à plusieurs mémoires sur des objets particuliers d’agriculture, qui ont paru à différentes époques.

On doit juger avec quel plaisir j’ai lu les Réflexions sur l’état actuel de l’Agriculture, imprimées à Paris en 1780, sans nom d’auteur, chez Nyon l’aîné, à cause de la conformité de plusieurs principes de l’anonyme avec les miens. J’ai appris, depuis, que l’auteur étoit M. Fabroni, Toscan de nation, aussi bon physicien, qu’excellent cultivateur.

Je n’ambitionne point la gloire de créer un systême, ni de l’élever sur le débris des autres : ce que je vais dire, est le résultat de mes lectures, de mes observations, de mes méditations & de mes expériences. Si le lecteur trouve ce résultat conforme aux loix de la saine physique, appliquées à l’agriculture, j’aime à croire qu’il se conduira d’après ces principes. Cependant, malgré la justesse dont ils me paroissent, & malgré la précision des conséquences que je crois devoir en tirer, je l’invite à ne point bouleverser sa manière de cultiver, parce que sa persuasion doit naître de ses propres expériences : alors il saura positivement, & non sur parole, si mes principes sont conformes à la marche de la nature.

Section première.

Principes de la Végétation.

I. L’eau, le feu, l’air & la terre concourent à la végétation.

II. L’eau est son véhicule ; le feu, son moteur ; l’air, son agent ; la terre, la matrice dans laquelle elle s’opère.

III. L’eau, considérée comme élément, n’est pas pure ; comme sève, elle est très-composée. Sans humidité, point de végétation.

IV. Le feu est ici regardé comme chaleur & comme lumière. Sans chaleur, la végétation est nulle ; sans lumière, elle languit, les plantes s’étiolent & meurent. (Voyez ce mot)

V. L’air, comme atmosphérique, est le réservoir de toutes les émanations de la nature ; c’est-là où elles se combinent. Après avoir été air atmosphérique, il devient air fixé dans les plantes. Suivant leur nature, il est ou air inflammable, ou air mortel, nommé air fixe ; (voyez les mots Air fixe & Air inflammable) & souvent l’un & l’autre, incorporés dans la même plante.