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de conserver au terrein une certaine consistance ou fermeté analogue au grain qu’on veut y semer ; autrement les plantes seroient exposées à être renversées par le vent, leurs racines n’étant point assurées. Pour obvier à cet inconvénient, il approuve la méthode de faire passer le rouleau, ou de faire parquer les moutons sur un champ semé en froment, quand on a lieu de présumer que le sol n’a pas toute la consistance qu’il faut pour tenir les racines dans un état de fermeté.

Il ne faut jamais trop surcharger les terres d’aucune sorte d’engrais ou d’amélioration. Lorsqu’elle est trop fertile, rarement elle produit une récolte abondante en grains : la paille y abonde, & le cultivateur a manqué son objet. Si le terrein est trop riche, c’est une sage précaution de le dégraisser, en y semant de l’avoine, avant d’y mettre du froment. Il considère la marne, la chaux, la craie, le sel, comme les meilleurs engrais que la terre puisse recevoir avant d’être ensemencée, lorsqu’ils sont administrés avec intelligence & avec modération ; parce qu’ils n’apportent point dans la terre les semences d’aucune mauvaise herbe, comme la plupart des fumiers, souvent remplis d’insectes qui rongent les racines des plantes, & les font mourir.

Le trèfle est un des meilleurs préparatifs que puisse recevoir un terrein où l’on se propose de semer du froment : cette plante n’exige pas assez de culture ni d’engrais pour que les mauvaises herbes puissent monter en graine, & se multiplier par leurs semences. Lorsque la terre a besoin d’être améliorée par des engrais, on peut les transporter sans danger en octobre & en février : l’herbe étant coupée avant ce temps, il ne reste plus de mauvaises plantes dont on doive craindre de faciliter la végétation. Les turnips procurent les mêmes avantages, parce qu’outre les principes de fertilité qu’ils laissent dans la terre, les labours de culture qu’on est obligé de leur donner, l’ameublissent parfaitement, & détruisent toutes les mauvaises herbes. Après une récolte de fèves, de pois, on peut espérer de recueillir du froment en abondance. Les lentilles, & plusieurs autres grains & herbes, quand ils sont enterrés avec la charrue, fournissent à la terre un engrais admirable qui la prépare parfaitement à recevoir du froment. Il ne faut pas semer du froment après avoir recueilli de l’orge ordinaire ; elle rend le terrein trop léger, & lui enlève une grande partie de sa substance.

Quant à la manière de préparer la terre par les labours, l’auteur croit s’être suffisamment expliqué, lorsqu’il a dit, que la façon de labourer devoit varier suivant les différentes natures des sols. Il adopte, comme M. Duhamel, la culture des plantes pendant leur végétation.


CHAPITRE VII.

Systême de Culture de M. Fabroni.


Section première.

Des Principes sur lesquels on devroit établir la Culture.


M. Fabroni, dans ses réflexions sur l’agriculture, considère les principes sur lesquels cet art est établi, comme étant presqu’inventés pour