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inconvéniens si nuisibles à la végétation, il faut, en le labourant, le disposer en rayons obliques. L’auteur fait, à ce sujet, des observations pour détourner les cultivateurs de la méthode de labourer transversalement, afin de leur faire adopter la pratique des rayons, comme la plus propre à favoriser les productions de la terre. 1°. Le labour transversal, dit-il, est plus ordinairement désavantageux qu’utile, parce qu’il ne procure pas un écoulement aux eaux, indispensable dans les terres humides. 2°. Le cultivateur craint de perdre du terrein, s’il ne suit pas sa méthode de labourer transversalement ; mais il est certain qu’un champ labouré en rayons, a plus de superficie que quand il est labouré à plat. « Si, par cette méthode, nous donnons deux pieds sur seize pour un sillon vide, la différence de surface, qui se trouvera entre le terrein labouré à plat, & le terrein labouré en raies, se trouvera à l’avantage du fermier ; parce que toute la surface étant ainsi élevée en rayons, est en état de porter du blé, & que le fermier, par conséquent, gagnera autant de terrein de plus ». (Voyez ce qui est dit au mot Billon) Outre qu’on gagne une augmentation réelle en labourant en payons, l’auteur est persuadé que, par cette méthode, on rend le sol sec & chaud, parce que les rayons se servent réciproquement d’abri les uns aux autres, & se garantissent des vents froids : d’ailleurs, il ajoute que si le terrein se trouve épuisé, après avoir beaucoup produit, on a l’avantage de se procurer un terrein neuf, très-fertile, en remettant les sillons en rayons.

Section II.

De l’Exploitation des terres en friche, pour les disposer à être ensemencées.

L’auteur, à l’imitation de M. Duhamel, comprend, sous le nom de terres en friche, celles qui sont en bois, en bruyères, en prairies artificielles ou naturelles ; en un mot, toutes celles qui n’ont point été ensemencées depuis long-temps ; ce qui nous dispense d’entrer dans de plus grands détails sur la manière de les cultiver. Notre auteur s’éloigne seulement du systême de M. Duhamel, relativement aux prairies artificielles ou naturelles, converties en terres à blé : il les regarde avec raison comme de vraies jachères, relativement au blé, parce que leurs racines n’ont pas épuisé la surface ; & il conseille que la première récolte soit en turnips, & non en grains, qui verseroient dans une pareille terre.

Section III.

De la manière de préparer un terrein en état de Culture réglée, ayant de l’ensemencer en froment.

Le Gentilhomme cultivateur n’entre point dans le détail du nombre des labours qu’il convient de donner à la terre avant de l’ensemencer ; il se contente de vanter les bons effets du labourage, afin d’exciter les cultivateurs à remuer souvent la terre, pour l’améliorer & la rendre propre à la végétation des plantes. Il observe cependant, que quoiqu’il soit très-avantageux de détacher les parties de la terre, de les ameublir, afin qu’elles s’imprègnent aisément des rosées, des pluies, de l’air, il convient