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remuée, lui rendent d’une manière plus avantageuse l’eau qu’elle a perdue. Il conclut donc que la fréquence des labours est très-utile pour rendre les terres fertiles, pourvu qu’ils soient faits à propos.

M. Duhamel distingue, ainsi que M. Tull, deux sortes de labours ; ceux de préparation & ceux de culture. Pour ces derniers il a imaginé des charrues légères qu’il nomme des cultivateurs, capables de remplir assez bien son objet. (Voyez-en la description à l’article Charrue)

Pour préparer la terre à être ensemencée suivant M. Duhamel, on ne sauroit faire des labours trop profonds. Cependant, dans la pratique, il a soin de proportionner la profondeur des sillons à la qualité du terrein, qui doit être relative au fonds de bonne terre plus ou moins considérable. En général, il fait labourer les terres fortes avec des charrues qui prennent beaucoup d’entrure, c’est-à-dire, qui piquent à une profondeur considérable, &, pour celles qui n’ont pas de fonds, des labours légers suffisent.

Lorsque la terre est sujette à retenir l’eau, il fait labourer par planches ou par billons plus ou moins larges, afin de procurer l’écoulement des eaux qui resteroient à la surface, si l’on ne donnoit pas une pente à leur cours. Quand elle n’est point exposée à cet inconvénient, les labours sont faits à plat, & on ouvre, de distance en distance, de grands sillons qui donnent issue aux eaux.

II. Des labours de préparation & de culture. Avant d’ensemencer une terre en grains hivernaux, principalement en froment, M. Duhamel exige qu’elle ait reçu quatre labours de préparation. Le premier doit être fait avant l’hiver, afin que la gelée brise les mottes, pulvérise la terre, fasse mourir les mauvaises herbes : ce premier labour s’appelle guèreter. Le second nommé binage, est fait dans le courant de mars, pour disposer la terre à profiter des influences de l’atmosphère, & sur-tout des rayons du soleil. Le troisième appelé rebinage, est fait au mois de juin, pour détruire les mauvaises herbes qui ont poussé depuis le binage. Le quatrième nommé labour à demeure, est fait immédiatement après les moissons. M. Duhamel ne croit point que ces quatre labours suffisent dans toutes les circonstances, ni pour toute sorte de terreins. Si le printemps est chaud & pluvieux par intervalles, l’herbe pousse avec vigueur : il ne faut pas alors s’en tenir aux labours d’usage ; il est à propos de les multiplier afin d’arrêter la végétation des mauvaises herbes.

Pour semer les grains de mars, il exige que la terre soit préparée au moins par deux labours, & condamne la méthode des cultivateurs qui sèment après un seul labour fait en février ou en mars. Il prétend que la terre ne peut être bien disposée sans un labour fait avant l’hiver, immédiatement après les semailles des hivernaux, & par un second fait après l’hiver, « L’expérience, ajoute-t-il, prouve évidemment la nécessité de deux labours, puisque les avoines, les orges, faites après un seul labour, ne sont jamais aussi belles que quand-la terre a été préparée par deux ».

Un des grands avantages de la méthode de cultiver adoptée par