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aussi leurs graines, qui auroient germé l’année suivante. Il y a bien des précautions à prendre, quand on veut brûler des landes voisines des bois : souvent il arrive que le feu s’étend & gagne la forêt.

Après avoir brûlé toute la supercificie d’une lande, les racines des plantes subsistent. M. Duhamel conseille de les arracher avec la pioche. Lorsque cette opération est faite, on donne un labour après les premières pluies d’automne, en ouvrant de larges & profonds sillons ; on sent aisément ses motifs.

Au printemps suivant il fait donner un second labour, après lequel on sème des grains de mars. La seconde année, il fait préparer la terre par trois labours, pour y semer du froment. Quand le terrein est fort & d’une bonne qualité, il ne conseille de semer du froment que la troisième année, parce qu’il seroit à craindre qu’il ne poussât beaucoup en herbe, & ne versât ensuite avant la moisson. Ce n’est qu’à force de labours qu’on entretient ces terres en bon état de culture, en détruisant peu à peu les racines des plantes qui restent toujours, quelque soin qu’on prenne de les arracher.

M. Duhamel suit une autre méthode, lorsqu’il veut profiter du bois des landes, soit pour brûler, ou pour en faire des fagots qu’on enterre dans les fossés des vignes, afin de les fumer. Après avoir coupé toutes les plantes, pour éviter l’opération longue & coûteuse de la pioche, il fait passer la charrue à coutres sans socs, tirée par quatre à cinq paires de bœufs, selon que le terrein oppose plus ou moins de difficultés ; des personnes qui marchent derrière, ramassent toutes les racines coupées. Le terrein étant labouré dans toute sa longueur, on le laboure en largeur, afin de croiser les premières raies, & de détacher les racines qui auroient pu rester entre les sillons du premier labour. En automne ou au printemps, on fait les autres cultures à l’ordinaire, avec une forte charrue à soc.

III. Des terres en friche. L’auteur comprend sous ce nom les prés, les luzernes, les sainfoins, les trèfles, & généralement toutes les terres couvertes d’herbes, qui n’ont point été labourées depuis long-temps. Pour les réduire en état de culture ordinaire, afin de les ensemencer, il ne suffit pas de couper le gazon, il faut encore le renverser sens dessus dessous, afin qu’il puisse bonifier le terrein. La charrue ordinaire paroît peu propre à produire cet effet, quand même elle seroit assez forte pour surmonter, sans se briser, les obstacles qu’elle rencontre dans un sol si difficile à ouvrir. Pour se dispenser de la culture à la bêche, longue & dispendieuse, M. Duhamel conseille d’employer la charrue à coutres sans socs, en la faisant passer deux fois en croisant à la seconde les premières raies. Une forte charrue entre ensuite aisément ; elle renverse, sans beaucoup de peine, les pièces de gazons coupées par les coutres. Ce labour fait en automne, les mottes sont brisées par la gelée, & la terre est en état d’être ensemencée au printemps. Après la récolte des grains de mars, on donne plusieurs labours, afin de préparer la terre à recevoir du froment.

L’auteur observe qu’il n’est pas toujours avantageux de semer du