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La place qui a été moissonnée sert de plate-bande, & l’année suivante elle est ensemencée : de cette manière, la terre n’est jamais en jachère. Quoiqu’elle ne soit point entièrement ensemencée, puisqu’il y en a plus de la moitié qui reste vide, elle produit autant que si elle étoit remplie.

Voilà les procédés suivis par M. Tull, dans sa méthode très-compliquée & très-dispendieuse. Notre but a été de donner une idée générale de ses principes, dont chacun peut faire l’application qu’il jugera convenable, en faisant la différence de son climat à celui d’Angleterre.


CHAPITRE IV.

Systême de Culture de M. Duhamel du Monceau.


Les principes de culture de M. Duhamel, se réduisent en général à ces objets ; 1°. au choix des instrumens de labourage ; 2°. à la fréquence des labours, & à la manière de les exécuter ; 3°. à l’épargne de la semence ; 4°. à la façon de cultiver les plantes pendant qu’elles végètent, &c. M. Duhamel est persuadé, que pour faire une culture convenable, il faut choisir des instrumens de labourage propres à cultiver les terres, suivant qu’elles l’exigent, relativement à leur qualité. Il croit qu’une charrue légère, qui pique peu, qui est propre à cultiver un terrein léger, ou qui a un fonds de terre peu considérable, ne feroit qu’un mauvais labour dans un sol fort, argileux, qui demande à être fouillé à une grande profondeur ; ce qu’on ne peut exécuter sans une forte charrue, autrement dite, à versoir. (Voyez le mot Charrue)

L’usage du semoir paroît à M. Duhamel une invention très-utile pour se procurer d’abondantes récoltes, en épargnant la semence. Par le moyen de cet instrument, elle est distribuée de manière que tous les grains lèvent & produisent des plantes vigoureuses, étant placées à une distance convenable les unes des autres. Suivant cette manière de semer, & à l’exemple de M. Tull, il adopte la culture par planches.

Pour procéder avec ordre, dans l’exposition des principes de culture que suit M. Duhamel dans l’exploitation des terres, nous les considérerons, 1°. suivant leur état inculte, ou en friche ; 2°. dans l’état de culture où elles sont entretenues par les labours.

Section première.

Des Terres non cultivées.

Sous le nom de terres incultes, M. Duhamel comprend toutes celles qui ne sont point dans l’état de culture ordinaire, c’est-à-dire, qui n’ont jamais été cultivées, ou qui ne l’ont pas été depuis long-temps. Il range ces terres en quatre classes ; 1°. celles qui sont en bois ; 2°. celles qui sont en landes ; 3°. celles qui sont en friche ; 4°. celles qui sont trop humides.

I. Des bois. Pour ensemencer une terre, il faut la fouiller : c’est le cas où se trouvent les bois ; mais ils offrent des obstacles qu’on ne peut vaincre sans des travaux considérables. Autrefois on se contentoit d’y mettre le feu ; aujourd’hui, plus éclairé sur ses propres intérêts, on