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CHAPITRE IV.

Des propriétés médicales de la Craie.

Elle est à préférer, lorsqu’elle est bien pure, à toutes les substances calcaires, dans les espèces de maladies avec existence ou surabondance d’acide dans les premières voies, parce que sa combinaison avec les acides est plus prompte, & qu’elle s’en empare sans nuire aux tuniques des premières voies. Il est d’observation que les fortifians amers favorisent ses bons effets, quand l’estomac est foible, & lorsqu’il faut en continuer long-temps l’usage. La dose est depuis six grains jusqu’à une drachme, incorporés avec un sirop, ou délayés dans quatre onces de véhicule aqueux.

Si on veut engraisser des agneaux dans la bergerie, & pendant qu’ils tettent, on fera très-bien de mettre près d’eux une pierre de craie, afin qu’ils la lèchent : cette terre absorbante les garantit du dévoiement auquel ils sont sujets dans cette circonstance, & qui les empêche d’engraisser.


CRAMPE. On donne le nom de crampe à une espèce de convulsion qui attaque l’estomac ou les extrémités du corps, les bras, les mains, les cuisses & les jambes.

1°. Crampe de l’estomac. La violente douleur qu’on restent dans l’estomac pendant la crampe, vient quelquefois de la rentrée des maladies de la peau, ou de l’humeur goutteuse ou rhumatismale : dans ces cas, il faut rappeler à la peau, & aux extrémités du corps, la cause qui a donné naissance à la crampe. (Voyez ces maladies.)

Quelquefois elle vient de convulsions des nerfs de l’estomac : dans cette circonstance, si le malade a de violentes envies de vomir, il faut lui faire boire abondamment de l’eau tiède, & ne jamais hasarder de lui donner des émétiques, même les plus légers ; l’inflammation de l’estomac seroit la suite de ce traitement ignare. On donne en lavement le laudanum, à la dose de soixante grains, parce que, donné en boisson, il excite quelquefois le vomissement, & son effet calmant est perdu. Toutes les quatre heures, on donne un bol fait avec un gros de thériaque & dix grains de musc, qu’on partage en deux ou trois prises. Si le vomissement cesse, on substitue au bol la potion suivante, à la dose d’une cuillerée toutes les trois heures : mucilage de gomme arabique, trois gros ; eau de menthe & de canelle, une once, & musc, un scrupule. On applique sur l’estomac des vessies pleines de lait, ou des linges trempés dans l’eau tiède : si les accès étoient trop violens, malgré l’usage des moyens indiqués, & si on redoutoit l’inflammation de l’estomac, il faudroit saigner le malade au pied, & lui appliquer des emplâtres de vésicatoires aux jambes.

2°. Crampes des extrémités. Après avoir resté long-temps dans la même position, le sang est gêné dans son retour ; il gonfle les veines : ces dernières prestent sur les nerfs, & il suit des engourdissemens, des convulsions, même locales. Il faut, dans ces cas, placer la partie malade sur des corps froids, & la frotter fortement avec des linges secs ; la circulation se rétablit, & la crampe disparoît.