y rencontre, forment-ils la base de ses couleurs ? Ou enfin, la lumière & la présence du soleil sont-ils, les pinceaux avec lesquels la nature colore ses brillantes productions ?
Le philosophe qui ne se contente pas d’admirer, mais qui réfléchit sur ce qu’il observe, à peine a-t-il vu une fleur, que déjà il brûle de connoître la cause de sa beauté ; il pense, il combine, il décompose, il travaille ; & fier de son succès, il se dit à lui-même : la nature agit ainsi. Heureux, mille fois heureux, quand il a découvert son secret : mais que trop souvent il couronne ses erreurs, à la place de la vérité !
On a imaginé plusieurs systêmes pour expliquer la cause de la couleur des plantes : nous allons les parcourir. On peut les distinguer en trois classes ; dans le premier, chaque plante, chaque partie de plante portoit un suc propre, dont le parenchyme & tout le tissu étoient intimement pénétrés, & qui donnoit à la plante, en général, & à telle portion en particulier, la couleur qui lui convenoit, & qui servoit à la distinguer d’une autre. Ce systême avoit pris sa naissance dans l’observation assez constante, qu’en broyant une partie verte d’une plante, elle laissoit une trace verte ; une fleur rose, donnoit du rose ; une jaune, du jaune, &c. &c. Content d’avoir rencontré ce principe colorant, on n’avoit pas été plus loin ; son existence suffisoit pour tout expliquer, & l’on s’arrêtoit-là, sans penser à des recherches ultérieures sur la cause qui coloroit ce principe lui-même. La jaspure d’une feuille de tulipe, par exemple, s’expliquoit par autant de principes colorans différens, que l’on comptoit de nuances ; quelques fécules colorantes prouvoient encore en sa faveur.
On sent facilement combien ce systême est insuffisant pour rendre raison de tous les phénomènes que nous offrent les couleurs des plantes, leur marche progressive, leur mélange & leur dégradation ; mais il est à remarquer sur-tout, que, par rapport aux fécules même colorantes, rarement, après leur préparation, ont-elles la couleur propre à la plante : l’indigo & le roucou en sont la preuve.
Les chymistes qui, par le moyen du feu & des menstrues, scrutent la nature de plus près, mais qui, en même temps, dénaturent & donnent souvent de nouvelles modifications aux principes qu’ils obtiennent par l’analyse, ont cru reconnoître, dans ces mêmes principes, l’origine de toutes les couleurs des plantes.
M. Geoffroy a donné à l’Académie des sciences en 1707, un mémoire sur les couleurs des feuilles & des fleurs, où il prétend prouver qu’elles dépendent des soufres, & de leurs différens mélanges avec les sels. On ne sera peut-être pas fâché de trouver ici la manière dont ce savant donnoit l’explication des différentes nuances : le vert, selon lui, qui est la couleur la plus ordinaire des feuilles, peut être l’effet d’une huile essentielle, raréfiée dans les feuilles, & mêlée avec les sels volatils & fixes de la sève, lesquels restent engagés dans les parties terreuses de la plante, pendant que la plus grande partie de la portion aqueuse se dissipe. La preuve de cette idée se tire du céleri & de