plante est en pleine fleur en Mai, Juin, Juillet, suivant les climats, & mûre un mois après. Si on ne coupe pas ses têtes, les graines s’en détachent, tombent à terre, y germent, donnent de grandes feuilles ; la plante brave la rigueur du froid pendant l’hiver, enfin élance sa tige au retour de la chaleur, fleurit & mûrit, &c. voilà la loi de cette plante, dictée par la nature. L’homme, que doit-il donc faire ? La suivre, & ne pas la contrarier.
Quelques auteurs conseillent de semer la graine au printemps. Dès-lors la plante est obligée de faire en quelques mois, ce que l’autre opère dans une année, car cette dernière, semée, mûrit seulement un mois plus tard que les autres, & par conséquent elle n’a pas eu le temps de se fortifier & de prendre le même embonpoint, ni la même vigueur que la première. Suivons donc la marche de la nature, quand elle l’indique d’une manière si positive.
Je conviens que par cette seconde méthode, on a moins à sarcler ; mais cette légère dépense est complétement couverte par le produit.
La manière d’être de la racine, la largeur des feuilles, la hauteur que la tige acquiert dans un bon terrein, indiquent que meilleure est la terre, plus la plante profite ; qu’elle exige beaucoup de nourriture, & par conséquent qu’on ne doit pas ménager les engrais ; que plus le fumier sera consommé, meilleur il sera ; que les fumiers longs & pailleux sont plus utiles que les autres dans les terres argileuses, parce qu’ils tiennent leurs parties plus long-temps séparées & soulevées. Le fumier de mouton, bien pourri, y produira de bons effets, parce qu’il contient beaucoup de substances graisseuses, huileuses & salines, qui se combinent avec ces espèces de terre. (Voyez le mot Amendement.)
Plusieurs auteurs ont conseillé de semer le chardon dans le même temps que les jardiniers sèment le cardon, c’est-à-dire, vers la fin de Février ou en Mars, ou au commencement d’Avril, suivant le climat. C’est la loi du jardinier, mais ce n’est pas celle de la nature. Je préférerois cependant cette méthode à celle de semer en Septembre ou en Octobre dans les pays froids & pluvieux, & je préfère celle-ci pour les provinces méridionales du royaume. Il est aisé d’en sentir les raisons.
Comment faut-il semer ? L’usage varie. Les uns sement à la volée, & hersent ensuite ; d’autres, après que le terrein est bien labouré, font des trous d’un pouce de profondeur, y jettent trois ou quatre grains, & les recouvrent de terre. Quelques-uns laissent entre ces trous un espace d’un pied en tout sens, & d’autres un pied & demi. Il est plus avantageux, quoique plus long, de planter que de semer, & je préfère la distance d’un pied & demi ; la plante a, par ce moyen, la facilité d’étendre & de multiplier ses branches, & par conséquent ses têtes.
Pour tirer parti du terrein laissé entre chaque rangée, des cultivateurs sèment des navets, des panais, des carottes, &c. Sans approuver cette méthode, elle est utile si on a soin d’arracher ces racines aussi-tôt après l’hiver ; ce travail sera avantageux pour les chardons, & par la même opération on détruira les mauvaises herbes.