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du pavot, cependant, paroissent assez cylindriques.

La substance qui paroît immédiatement près l’écorce, composée, comme nous l’avons dit, de l’épiderme & du réseau cortical, c’est le parenchyme, substance spongieuse, vasculaire, & toujours imbibée d’un suc propre, que je crois susceptible de fermentation par la chaleur ou le contact de l’air, & par-là capable de prendre diverses couleurs. (Voyez le mot Couleur des plantes) Le parenchyme est divisé, en tout sens, par deux espèces de vaisseaux bien différens, & par leur nature, & par leurs fonctions ; les vaisseaux lymphatiques, & les trachées.

La macération dans l’eau est un moyen assez facile pour les rendre sensibles. Laissez macérer, pendant plusieurs jours, un pétale dans l’eau, les vaisseaux se rempliront d’eau, grossiront, & se détacheront du parenchyme. Les vaisseaux lymphatiques sont d’abord les plus apparens ; mais les trachées ou vaisseaux en spirale le deviendront bientôt après ; & si vous plongez cette macération un peu plus long-temps, on peut venir à bout de les détacher-les uns des autres, La Fig. 5, même Planche, représente un pétale qui a séjourné plusieurs jours dans l’eau, & dont les gros vaisseaux sont devenus sensibles.

Les trachées, renfermées dans les pétales, & qui en font la plus grande partie, sont sans doute l’organe par lequel ils pompent l’air extérieur ; & l’on peut croire que les vaisseaux lymphatiques renferment le suc propre & odoriférant de la fleur. Les nervures que l’on apperçoit à l’œil nu, sur quantité de corolles, ne sont autre chose que ces gros vaisseaux ; & examinés au microscope, on voit qu’ils sont creux, & qu’ils doivent par conséquent laisser passage à un fluide.

Une singularité dans l’écorce des pétales, comme dans celle des feuilles, observée par M. Desaussure, & que j’ai confirmée à chaque expérience microscopique que j’ai faite, est la force avec laquelle elle tend à se rouler sur elle-même de dehors en dedans. Si, avec la pointe d’un canif, vous enlevez un lambeau de l’écorce du pétale d’une rose, d’un pavot, &c. quelques secondes après ce lambeau se roule sur lui-même dans le sens des nervures, & forme un petit cylindre. Cette propriété singulière est très-incommode pour les observations, parce qu’on est obligé de dérouler ensuite ce petit cylindre, pour l’étendre sur le porte-objet, & très-souvent il se déchire dans cette opération. Je pense, avec M. Desaussure, que c’est à cette propriété qu’il faut attribuer la faculté que les feuilles ont de se rouler en séchant.

§. II. Formation, développement & durée de la Corolle.

En connoissant bien toutes les parties qui concourent à la composition de la corolle, nous pouvons reconnoitre d’où elle tire son origine ; & nous pensons, avec Grew, qu’elle est formée du corps ligneux. En effet, nous y retrouvons l’épiderme, le tissu cellulaire, l’écorce, le parenchyme, des vaisseaux propres, des trachées & des utricules. On peut donc dire que le bouton à fleur, qui renferme la corolle, est formé par le prolongement du péduncule,