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calice & les parties de la fructification ; c’est positivement cette partie de la plante la plus brillante, la plus agréable, & qui nous intéresse le plus, soit par la vivacité & la variété de ses couleurs, soit par les parfums qu’elle exhale. Le commun des hommes l’appelle ordinairement fleur, & les botanistes lui ont donne le nom de fane ou pétale. Il faut cependant observer ici que corolle & pétale ne doivent pas être regardés comme exactement synonymes. Le nom de pétale, proprement dit, n’appartient qu’aux pièces dont la corolle est composée. Une corolle d’une seule pièce, comme celle du grand liseron, est une corolle entière ; & celle de la tulipe est une corolle à quatre pétales. Les botanistes n’ont pas fait assez d’attention à cette distinction, & cet oubli a entraîné souvent de l’obscurité & de la confusion dans leur systême. Comme c’est une des parties les plus apparentes de la fleur, c’est aussi une de celles qui ont été le plus étudiées : quelques botanistes même en ont tire les caractères de classification de leur systême ; sa présence ou son absence, sa forme, sa situation, sa régularité, son irrégularité, sa couleur, ont fourni des caractères distinctifs. Depuis Morison, jusqu’à Tournefort, qui a fait de la corolle la base fondamentale de son systême ; depuis Ruppius, jusqu’à M. Adanson, tous les botanistes y ont reconnu des indices de divisons, des lignes de démarcation, qu’ils ont cru avoir été tracées par la nature elle-même. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de grands détails sur cet objet ; nous l’examinerons plus particulièrement au mot Systême. Nous allons nous contenter d’examiner ici l’histoire naturelle de la corolle, les parties dont elle est composée, ou qui l’accompagnent quelquefois, sa formation, son développement, sa durée, sa destination, & l’emploi que la nature lui a assigné dans l’économie végétale ; ensuite nous passerons à l’examen de sa forme, de sa régularité, de ses divisions, du nombre des pièces dont elle est composée, du lieu de son insertion, & de sa couleur.

I. Des parties de la Corolle.

La corolle, considérée à la vue simple, semble organisée comme une feuille ; elle offre une substance végétale, arrondie communément sur ses bords, d’une certaine épaisseur, garnie de côtes & de nervures, lisse d’un côté, colorée sur les deux surfaces, terminée par un onglet plus ou moins long, par lequel elle adhère, ou au germe ou au calice ; en un mot, à la partie qui la supporte : mais si vous pénétrez dans l’épaisseur de la corolle, & qu’à l’aide d’un microscope vous analysiez son intérieur, vous trouverez que toute corolle est composée d’une écorce, d’un réseau cellulaire, d’un parenchyme, d’utricules & de vaisseaux aériens ou trachées ; l’écorce elle-même est composée de deux parties très-distinctes, d’une membrane extérieure ou de l’épiderme, & du réseau cortical. Que de richesses ! quelle multiplicité d’organes ! combien la nature est-elle belle, & infinie dans ses productions !

Tâchons d’étaler aux yeux tous ces trésors, & développons tous ces objets d’admiration. M. Desaussure, dans ses observations sur l’écorce des