Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nières de concombre, que je ne connois point. Je vais rapporter ce qu’en dit ce dernier.

III. » Concombre noir. Cucumis sativus perfoliatus fructu nigricante. Ce concombre pousse quelquefois trois tiges, le plus souvent une ou deux très-grosses, à cinq faces ou cannelures, creusées en étoile, longues de deux à trois pieds, droites, tant que le fruit ne les fait pas ramper. Les feuilles y naissent dans un ordre alterne, fort près les unes des autres ; elles sont grandes, portées par des queues creuses, de cinq à six lignes de diamètre sur douze à quinze pouces de longueur, portées par des pédicules longs de trois à quatre pouces. Les fruits acquièrent au moins un pied de longueur sur trois à quatre pouces de diamètre, & sont relevés de plusieurs petites côtes suivant leur longueur. Leur écorce raboteuse devient d’un vert presque noir, quelquefois marbré ou rayé de blanc ; la chair est sèche, & tire sur la couleur jaune. Ce concombre est médiocrement estimable.

IV. » Concombre de Barbarie. Cucumis sativus maximus. Ses sarmens ou tiges s’étendent presqu’aussi loin que celles du précédent ; ses feuilles, et toutes les parties de la plante, sont un peu moindres que celles du potiron. La plupart de ses feuilles sont palmées, ou découpées très-profondément. Les fruits, qui ont quelquefois près de deux pieds de longueur, sur neuf ou dix pouces de diamètre, sont d’un vert très-foncé, quelquefois y marbrés de vert plus, clair, ou de blanc, rarement de jaune. La chair est sèche, & un peu pâteuse. Le seul mérite de ce gros concombre est de se conserver en lieu sec, jusqu’à la fin de janvier. »

CHAPITRE II.

De leur Culture.

On ignore quel est précisément le pays natal du concombre commun ; &, par conséquent, si on n’avoit pas l’expérience pour soi, il feroit difficile de décider, au juste, l’époque à laquelle il convient de le semer.

Cette plante est très-sensible au froid, d’où je conclus qu’elle est originaire des pays chauds, & que si l’art n’aidoit pas la nature dans les provinces du nord de ce royaume, les fruits n’y mûriroient pas.

I. Des semis. Les habitans des provinces du midi peuvent semer sur de petites couches, (voyez ce mot) dès le mois de janvier ; au mois de mars, en plein air, dans un lieu bien abrité ; en avril, en pleine terre, ainsi qu’en mai ; & en juin, pour prolonger leurs jouissances. Il est prudent quelquefois de couvrir, avec de la paille, ces derniers concombres, afin de les garantir, au besoin, des matinées froides de l’automne. Si on aime à jouir, ou plutôt si on veut avoir des primeurs ; car ce n’est pas une vraie jouissance, il faut alors imiter l’exemple des jardiniers des environs de Paris.

Quelques auteurs conseillent de semer la graine cueillie depuis deux à trois ans, & disent gravement que les tiges sarmenteuses qu’elles poussent, sont moins longues, & plus chargées de fruits que celles provenues des graines de l’année. Pourquoi,