« Ces états ont été pris dans un même nombre de communautés, ayant des communes & n’en ayant pas, dans les cantons dont le sol est également bon. Il est vrai que la somme totale des arpens de terre des vingt paroisses qui n’ont pas de communes, surpasse celle des paroisses qui en ont ; & l’on a été forcé de prendre ces mêmes paroisses, pour qu’aucune des circonstances favorables, telles que manufactures, travaux de rivières, passages de grands chemins, &c. n’eussent contribué à la population des unes, au préjudice des autres.
» Il résulte de ces états, que celles qui n’ont pas des communes, ont 1906 arpens de terre plus que les autres, & on aura égard à cet excédent dans les résultats qu’on va présenter.
» 1°. Les vingt villages, sans communes, devroient, en suivant la proportion de leur plus grande quantité de terres, être plus nombreux seulement de 376 ménages ; ils en ont 466 de plus. Il est donc évident que leur population est de 90 feux plus favorable que dans les villages qui possèdent des biens communs.
» 2°. On trouve, dans les premiers, trente-deux laboureurs de plus que dans les autres ; par la même proportion des terres, ce nombre devroit seulement être de 13. Il est donc certain qu’un plus grand nombre de citoyens s’adonne à la culture d’une même quantité de terre, dans les endroits où on ne trouve pas de communes.
» 3°. Le nombre des vaches, dans les paroisses qui n’ont point de communaux, est en raison d’une pour 9 arpens 1/6, tandis que, dans les autres, il ne monte qu’à une, pour 13 arpens 1/25, tant cultures, que communes.
» 4°. La quantité de moutons, dans les premiers, est en proportion d’un pour un arpent &, lorsque, dans les secondes, on n’en nourrit qu’un pour 1 arpent 1/15, tant terres labourables, que pâtures.
» 5°. Dans les communautés sans communes, 2545 artisans ou journaliers, ont entr’eux 542 vaches ; ce qu’on peut évaluer en raison d’une sur 5 ménages ; & dans les autres, 1811 particuliers n’en ont que 301, c’est-à-dire, une sur 6 feux.
» Enfin, dans les mêmes premières communautés, 2245 habitans, non laboureurs, nourrissent 2017 moutons, c’est-à-dire, dans la proportion d’environ 21 entre 20 habitans ; & dans les autres, 38 ménages n’en nourrissent que 20. »
L’estimable auteur de ces recherches ne parle pas des bœufs, parce que, dans cette province, tout le labourage se fait avec des chevaux.
Est-il possible actuellement que l’on n’ouvre pas les yeux sur l’ancien abus des communes, & qu’elles trouvent encore des partisans ? S’il en existe ; s’ils élèvent encore la voix pour leur conservation, ils écoutent plus celle de leurs intérêts particuliers, que le cri de la raison & de la misère des habitans qui les environnent. Que deviendront donc ces communes ? C’est ce que l’on va examiner.