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mortifié, & on finit la cure, en lavant les ulcères qui en résultent, avec une forte décoction de quinquina, animée avec un verre d’eau-de-vie camphrée, sur une pinte de cette décoction.

Remarques. La nature du claveau ayant donné des vues sur la manière de le traiter, pourquoi n’en donneroit-elle pas sur l’art de l’inoculer ? On a inoculé de nos jours, & l’inoculation a réussi ; témoin, M. Venel, professeur en médecine de Montpellier. Ce Docteur célèbre inocula un troupeau de cent cinquante moutons, & il n’en mourut que trois. Presque tous les médecins conseillent l’inoculation dans les maladies inflammatoires & épizootiques. Nous espérons, dans le cours de nos travaux, d’éclairer les habitans de la campagne sur l’avantage de cette opération, après l’avoir pratiquée. Les succès que nous en attendons, suffiront, sans doute, pour les convaincre d’une pratique aussi salutaire. M. T.


CLÉMATITE, ou herbe aux gueux. (voyez Planc. 10, pag. 352) Cette dernière dénomination lui a été donnée à cause de l’usage fréquent qu’en font les mendians, afin de faire venir des ulcères sur les parties couvertes d’un cataplasme préparé avec cette plante, & exciter, par ce moyen, la commisération & les aumônes ; les ulcères sont larges à volonté, & peu profonds : pour les guérir, il suffit de supprimer le cataplasme, de tenir de la charpie sèche sur la plaie, ou des linges, afin d’empêcher le contact de l’air. La feuille de poirée ou bette, suffit pour dissiper l’inflammation : une volée de coups de bâtons seroit ensuite un topique excellent.

M. Tournefort la place dans la septième section de la sixième classe, qui comprend les herbes à fleur de plusieurs pièces, de forme régulière & rosacée, dont le pistil devient un fruit composé de plusieurs semences disposées en manière de tête, & il l’appelle clematitis silvestris latifolia. M. von Linné la classe dans la polyandrie polygynie, & la nomme clematitis vitalba.

Fleur, ordinairement composée de quatre pétales B, quelquefois de cinq ; lâches, en forme de fer de lance ; la fleur est sans calice : le nombre des étamines varie de quinze, vingt à trente ; elles sont représentées en C.

Fruit. Le pistil D devient le fruit, composé d’environ cinquante ovaires rassemblés sur un disque E ; un des ovaires est représenté séparément en F, & une des graines en G ; elles sont barbues, chevelues & très-longues.

Feuilles, disposées en manière d’ailes, rangées ordinairement au nombre de cinq sur une côte, les folioles sont en forme de cœur, & dentelées inégalement.

Racine A, brune en dehors, grosse, longue & fibreuse.

Port, plante grimpante, jetant des sarmens, gros, rudes au toucher, plians & anguleux ; les fleurs naissent en grappe ou en manière d’ombelle, les feuilles sont opposées.

Lieu, les haies. Cet arbrisseau fleurit en juillet, ou août.

Propriétés, âcre, un goût sans odeur, son usage intérieur est pernicieux. Les feuilles récentes & froissées enflamment la portion des