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propriété des huiles de noisettes, d’olives, &c.



CIVIÈRE. Sorte de brancard sur lequel deux hommes portent à bras différens fardeaux, du fumier, de la terre, &c. C’est une économie très-mal entendue que de se servir de la civière, elle emploie deux hommes ; & une femme mèneroit en un seul voyage, autant de terre, de sable, de pierrailles, dans une brouette, (voyez ce mot) que les deux hommes avec leurs civières. Il y a donc deux tiers de perte, l’emploi d’un homme de plus, & la différence du prix des journées des hommes, & de celles de la femme.



CLAIE. Ouvrage à claire-voie, en forme de carré long, ordinairement fait de brins d’osier entrelacés, & dont on se sert particulièrement dans le jardinage pour passer les terres. Ces claies sont peu dispendieuses, il est vrai ; mais elles s’usent trop vite, & il faut toujours s’en procurer de nouvelles. Il vaut beaucoup mieux faire la dépense d’une grille en fil de fer, montée sur un cadre fait avec des verges de fer, & garnie de quelques traverses également en fer, afin que la grille ne se déforme pas : c’est une dépense une fois faite pour longues années.


CLAIRIÈRE, ou CLARIÈRE. Endroit dégarni d’arbres dans une forêt. Lorsqu’on a semé une forêt, lorsque les arbres qui la forment sont dans leur quatrième ou cinquième année, c’est le cas, plus que jamais, de resemer ou replanter les clairières ; on voit alors plus clairement les places vides : il faut ou les resemer après avoir bien défoncé la terre, ou les replanter avec soin. Si on attend plus tard, les racines des arbres du voisinage s’étendront du côté de la clairière, & peu à peu la rempliront ; il ne sera plus temps alors de songer à replanter, parce que ces racines auront bientôt gagné & pénétré dans cette terre nouvellement remuée, & elles profiteront aux dépens des racines de l’arbre replanté. Le semis est à préférer, parce que la racine pivotante, poussée par la graine, s’implante profondément en terre, & souffre moins du voisinage des racines horizontales. Si on diffère de quelques années, ce sera peine perdue.

Outre la non-valeur du terrein qui reste dégarni, les arbres qui avoisinent la clairière, ne s’élèvent jamais aussi haut que ceux de l’intérieur de la forêt ; ils prennent en largeur des branches, ce que le tronc auroit gagné en hauteur. Je n’en donnerai pas ici les raisons, ce seroit une répétition inutile. (Voyez au mot Baliveau, page 143, Tome II.)

Plusieurs causes concourent particulièrement à former les clairières ; la dent des animaux, les gelées, les grêles, les coups de soleil, les coups de vent, les baliveaux prescrits par l’ordonnance, &c.

Tout jeune arbre brouté, sur-tout pendant les renouvellemens de sève, buissonne, se rabougrit & périt. Les gelées tardives, ou du printemps, brûlent les jeunes pousses, & l’arbre est obligé d’en produire de latérales : la grêle produit le même effet, en brisant & meurtrissant, par ses coups redoublés, les jeunes bois. Certains coups de soleil d’une ardeur extrême, surtout à la sève du mois d’août,