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nouvelle plante. Si on veut répéter cette expérience, il faut absolument n’avoir qu’une seule plante, & être assuré que, dans le voisinage, il n’en existe point de cette famille, parce que les utricules s’ouvrent avec force, &, par leur mouvement élastique, lancent au loin la poussière fécondante. Le vent est encore un des moyens de la propager. La nature, pour parvenir à ses fins, & pour conserver les espèces, a beaucoup plus multiplié les fleurs mâles que les fleurs femelles. Si on veut avoir des semences bien franches, il faut avoir soin de planter, dans des carrés très-éloignés, les différentes espèces de courges, de citrouilles. Sans cette précaution, on aura souvent des espèces hibrides, (voyez ce mot) ou des espèces dégénérées, ou perfectionnées suivant la nature du mélange.


CHAPITRE II.

Des espèces jardinières de Courges, Citrouilles, Potirons, &c.


Section première

Des Citrouilles & Potirons.


Il est bien difficile de concilier les auteurs botanistes & les auteurs jardiniers, sur la distinction de leurs espèces : ceux-ci l’étendent trop, & ceux-là la restreignent trop également. Un autre embarras naît encore de la multiplicité des noms différens donnés au même individu, d’une province à l’autre.

J’appelle du nom de citrouille ou de potiron, toute plante cucurbitacée, dont le fruit acquiert une certaine grosseur, & une grosseur régulière, dont la peau ou écorce est lisse, plus ou moins jaune, plus ou moins verte, plus ou moins marbrée ; dont la chair est ferme, blanche ou jaune, ou orangée ; dont l’intérieur du fruit, lors de sa maturité, renferme une cavité, & dans cette cavité, est contenue une substance pulpeuse & fibreuse, où sont les graines ; dont la plante, garnie de racines menues, fibreuses pousse de longues tiges, appelées bras ; elles sont rampantes, anguleuses, très-rudes au toucher, à cause des épines molles qui les recouvrent : dont les feuilles sont grandes, entières, découpées. De leur aisselle il sort une vrille ou main, & une fleur. Tel est, en général, le vrai caractère des citrouilles & potirons.

Si on a soin de conduire contre un arbre les bras de la plante, elle s’attache à ses branches par ses vrilles, comme le sarment de la vigne, à l’échalas ou à la treille, & il est assez plaisant de voir ensuite des fruits, monstrueux par leur grosseur, pendre des grosses branches de l’arbre, même sans soutenir ces fruits : j’en ai fait l’expérience. Je dois convenir cependant que, si on les fait soutenir & porter sur une planche, ils deviennent beaucoup plus gros. On doit bien prévoir que si la branche est trop mince, elle pliera ou cassera. C’est un badinage, & je le donne pour ce qu’il est.

I. Citrouille commune ou verte, ou Courge de saint-jean. C’est, si je ne me trompe, le cucurbita pepo de von Linné, & le cucurbita rotundo folio aspero de Bauhin. C’est la première prête à