rieure ; alors ce vernis devient ïndissoluble & impénétrable à l’eau.
Quatrième manière de citerner, ou procédé de la cendrée de Tournai. On appelle cendrée une espèce de ciment composé de chaux & de cendres de charbon de terre. Ce ciment a la propriété de se consolider dans l’eau, & de devenir, après quelques années, plus dur que les pierres auxquelles il sert de liaison. Plus la pierre calcaire est pure, plus elle approche du marbre, & meilleure est la chaux. Ce qu’on va dire de la chaux de Tournai, s’applique à toutes les bonnes chaux calcinées par le charbon de terre.
On distingue trois qualités de-chaux, i°. la chaux & cendre, telle qu’on la retire du four ; 2°. la chaux pure, c’est-à-dire, la chaux séparée de la cendre ; 3°. la cendrée pure, qui n’est autre chose que la cendre du charbon de terre, mêlée d’une infinité de particules de chaux, extrêmement divisées par l’action du feu ; elle pèse un quart plus que la chaux pure. Il seroit bon d’essayer si la cendrée de la chaux calcinée au charbon de bois, ne produiroit pas le même effet : au moins je le pense.
C’est avec la cendrée pure que se fait le ciment pour bâtir contre l’eau. On commence par en mettre une demi-manne en un tas, que l’on ouvre ensuite, pour y jeter un peu d’eau, & éteindre les particules de chaux sans aucun mêlange.
Cette demi-manne étant éteinte, on en éteint encore une autre, que l’on entasse avec la première, & ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il y en ait une quantité suffisante pour entretenir l’ouvrier pendant un jour & plus. On peut laisser reposer ce tas aussi longtemps qu’on veut, pendant l’été, sans aucun danger, & même la chaux se bonifie, pourvu qu’elle soit à l’ombre. Il n’en est pas de même en hiver, loin de se bonifier, elle se gâte.
La cendrée ainsi éteinte, on en remplit une auge de deux pieds en quarré, jusqu’aux deux tiers ou environ. Les bords sont élevés de neuf pouces, afin que la cendrée ne s’échappe pas en la battant. La quantité qu’on en peut mettre, est d’une demi-manne ; cette quantité se nomme battée.
Il est nécessaire d’écraser la cendrée, jusqu’à ce qu’elle fasse une pâte unie & douce au toucher, par la seule force du frottement, & sans y mettre que le peu d’eau nécessaire pour l’éteindre, & dont on a parlé.
Pour faciliter le travail de l’ouvrier, on place l’auge contre un mur, dans lequel on enfonce le bout d’une perche, dont l’extrémité opposée vient répondre au milieu de l’auge. L’on conçoit que sa situation doit être horizontale ; les manœuvres l’appellent reget.
On suspend au bout de cette perche une espèce de demoiselle, que les ouvriers nomment batte, avec laquelle on pile la cendrée. Cette demoiselle est de fer, ou de bois armé de fer, & a trois pieds de hauteur, sur deux pouces & demi à trois pouces de diamètre ; elle en a moins, lorsqu’elle est de fer. Sa forme est un cône, surmonté d’un anneau mobile, par où l’on passe une corde, par le moyen de laquelle, la demoiselle est suspendue au bout de la perche qui fait le ressort, comme celle dont se servent les tourneurs. Ainsi le manœuvre n’a d’autre peine, que d’appuyer la demoiselle sur le mortier, & de la