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qu’elle a soin d’aplanir, en rendant sa surface parallèle à l’ouverture de la cellule. Cette cire brute, pétrie & humectée avec le miel qui sort de la bouche de l’abeille, est moins sujette à se dessécher, ou à une fermentation qui la corromproit. Souvent l’abeille qui apporte sa provision, prend elle-même avant de sortir, le soin de l’entasser, & de l’arranger comme il convient qu’elle le soit pour se conserver.


Section V.

De la manière de préparer la Cire, quand on l’a sortie de la ruche.


Les gâteaux ou rayons qu’on sort d’une ruche, & qui sont remplis de miel, sont la cire que les abeilles ont travaillée : lorsqu’on en a parfaitement séparé le miel par les diverses opérations dont il est parlé à l’article du miel : on met cette cire tremper deux ou trois jours dans de l’eau bien claire ; on a soin de la remuer de temps en temps, afin d’en séparer toutes les parties de miel qui pourroient y être restées malgré la pression qui a été employée pour les faire sortir. Il ne faut point laisser cette cire exposée aux abeilles pour qu’elles profitent & enlèvent le miel qui s’y trouve : elles la broieroient toute en petits morceaux, & la dissiperoient entièrement ; quand elle a trempé suffisamment dans l’eau claire, & que le miel en est bien séparé, on la met alors dans un chaudron, en y ajoutant de l’eau jusqu’à ce qu’il soit rempli aux deux tiers, & on le met sur un feu clair & très-modéré ; à mesure que l’eau bout, & que la cire se fond, on la remue avec une spatule de bois, afin qu’elle ne se brûle pas en s'attachant aux bords du chaudron ; il ne faut pas trop laisser cuire la cire, elle deviendroit cassante & brune, & le blanchissage ne remédieroit point ou difficilement à ces défauts. Quand elle commence à fondre, il est bon de diminuer le feu, & dès qu’elle est fondue, on la verse tout de suite avec l’eau dans laquelle elle a été fondue, dans des sacs d’une toile forte & claire, qu’on met tout de suite à la presse, si on en a une, & au-dessous de laquelle on a eu la précaution de placer des vases pour la recevoir, dans lesquels on a versé un peu d’eau chaude, afin que tout corps étranger aille au fond ; la presse doit être propre, & avoir été bien lavée auparavant de s’en servir, afin qu’aucune saleté ne se mêle avec la cire pour en altérer la qualité & la couleur. Avant d’y mettre le sac, on la mouille avec un balai trempé dans l’eau fraîche, on presse tout de suite & doucement, pour que la cire n’aille pas au-delà du vase qu’on a placé pour la recevoir.

Quand on n’a point de presse, on peut se servir d’un sac de toile grossière & forte, fait en forme de capuchon pointu, dont l’ouverture soit large. Avant d’y verser la cire, il faut le tremper dans l’eau chaude, & le tordre ensuite légèrement : par ce moyen l’eau qui en sortira par la pression, ne rejaillira pas contre ceux qui le presseront quand on y aura versé la cire. On attache à deux endroits de l’ouverture du sac, une corde qui sert à le suspendre à un clou qu’on enfonce à la poutre ou à une des solives de la chambre où l’on fait cette opération ; après avoir versé l’eau & la cire dans le sac sous lequel on a placé un vase pour la recevoir, on le presse entre deux gros