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en poudre, & de chaux vive également en poudre, unis ensemble, & agités dans un vaisseau bouché, ils produiront le même effet, ainsi que l’eau de luce ; & dans la privation de ces remèdes, le plus fort vinaigre qu’on pourra trouver, &c. Si ces secours, continués pendant plusieurs heures de suite, sont insuffisans, on soulèvera les cendres, & on lui donnera un lavement fait avec une décoction de tabac. Si on avoit du tabac d’Espagne, ou du tabac ordinaire, bien sec, il faudroit lui en souffler dans les narines. Dès qu’il commencera à donner signe de vie, que les fonctions vitales seront rétablies, c’est alors le cas d’examiner les parties qui ont été endommagées par la chute ; ce qui regarde le chirurgien. La saignée, les vulnéraires, ensuite les calmans doivent être administrés. Que le lecteur se mette à la place de celui qui arrache son semblable du tombeau, où l’ignorance & la précipitation alloient le plonger, & il sentira quel doux saisissement, quelle joie pure enivre alors l’ame de ce généreux citoyen ! Quel mortel ne voudroit pas être à sa place ! On ne doit pas se lasser de prodiguer les secours dont on vient de parler : le succès ne fera décidé, souvent qu’après trois ou quatre heures de travail.

On affaire qu’on prévient les suites funestes des chutes violentes, & qui ne suspendent pas les fonctions vitales, en faisant avaler sur le champ à la personne un demi-verre d’huile d’olive… Je ne l’ai pas éprouvé.

Si tout le corps est meurtri, on écorchera un ou plusieurs moutons, veaux, &c. & le malade sera enveloppé avec ces peaux. Le lit de cendres chaudes vaut tout autant, & peut-être mieux, parce qu’il conserve plus longtemps sa chaleur.

L’usage des décoctions vulnéraires ne doit pas être négligé, & on doit le discontinuer dès que la fièvre se manifeste. Les saignées sont très-utiles.


Chute, Médecine vétérinaire. Nous comprenons ici sous ce nom, les accidens qui arrivent lorsqu’un cheval, une mule ou un bœuf, tombent du haut d’une muraille ou d’un chemin, dans un fossé, dans un ruisseau, ou bien dans un précipice.

Les accidens qui accompagnent ordinairement les chutes, sont l’échymose, les contusions, les dislocations, les fractures, & plusieurs autres, selon que la chute a été plus ou moins violente.


Traitement.


Lorsque la chute n’est pas grande, il est toujours prudent de faire prendre un breuvage vulnéraire à l’animal, afin de dissoudre le sang extravasé dans le poumon ou dans quelque autre partie : pour cet effet, prenez feuilles de pervenche, de pied de lion, de véronique, de lierre terrestre, de chaque une poignée ; l’une des deux dernières plantes citées suffiroit. Faites bouillir dans environ trois livres d’eau commune, jusqu’à diminution d’un tiers ; coulez, ajoutez deux onces miel rosat, & donnez à l’animal.

Mais si l’animal a la fièvre, s’il est abattu, triste, s’il bat des flancs, s’il respire difficilement, s’il jette du sang par les naseaux ou par la bouche, il faut le saigner promptement, & répéter même la saignée, en la propor-