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fausse, vous prendrez un bouchon de paille de seigle, vous le tremperez dans cette eau, & en arroserez les plantes infectées des infectes qui périront bientôt.

Voilà, sans contredit, une composition bien bizarre, & qui ne mérite pas plus de confiance que la première.

3°. Dans le Journal Économique, d’Octobre 1753, on lit : « Les chenilles n’attaquent point les choux dont la graine, après avoir trempé, durant une demi-heure, dans égales quantités de fine, d’eau-de-vie & d’urine, a été séchée & ensuite semée ». Comment cette infiniment petite portion de substance étrangère peut-elle se communiquer ensuite à toute la plante ? C’est connoître bien peu les loix de la végétation. Je ne rapporterai pas les autres singularités publiées à ce sujet, parce qu’elles sont toutes marquées du même sceau. Agissez directement sur les œufs, sur les insectes, par des recherches fréquentes, & vous parviendrez, sinon à les détruire tous, au moins à diminuer leur grand nombre. Sur la foi d’un auteur sur le jardinage, qui jouit d’un réputation très-méritée à bien des égards, j’ai fait brûler du soufre, d’abord en assez petite quantité, sur le bord de quelques rangées de choux ; nous étions plusieurs, armés de soufflets, afin d’exciter la flamme du soufre, augmenter sa vapeur, ensuite la faire rabattre sur les choux : je puis assurer qu’elle ne fit aucune impression sur les chenilles. J’augmentai la dose du soufre & le nombre des feux, l’effet fut le même ; enfin, pour savoir à quel degré d’intensité de vapeur l’insecte succomberoit, je mis, au pied de plusieurs choux, du soufre allumé, les chenilles ne périrent que lorsque la feuille fut endommagée. Sur ces mêmes choux si délabrés, si imprégnés des vapeurs du soufre, je trouvai, quelques jours après, des chenilles qui finissoient de dévorer le peu de verdure restée sur quelques-unes. Je rapporte ce fait, afin de détruire la confiance qu’on pourroit mettre dans le vaste catalogue des recettes en ce genre.


CHAPITRE V.

Des propriétés économiques des Choux, relatives aux hommes & aux animaux.


I. La graine de toute espèce de chou fournit de l’huile : celle du colza est à préférer. Cette huile a un petit goût acre, & une odeur assez forte. J’indiquerai, en parlant des huiles, la manière de la dépouiller de ses mauvaises qualités.

Je n’entrerai ici dans aucun détail sur les préparations, & sur les apprêts des choux dans les cuisines ; ce seroit m’écarter de mon objet : je m’astreins seulement à quelques pratiques isolés, & peu connues parmi nous. Il convient de les rapporter à cause de leur utilité.

Les hollandois dépouillent les têtes ou pommes des choux fleurs de toutes leurs feuilles. Les uns coupent ces pommes par tranches ; d’autres en divisent perpendiculairement les rameaux, les jettent dans une eau légèrement salée, & la font bouillir pendant une minute ou deux. Aussitôt ils retirent ces morceaux de l’eau, & les rangent sur une claie, pour les laisser égoutter ; après quoi,