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des deux manières, a démontré mon erreur, & je l’avoue de bonne foi.

Pour accélérer cette plantation, un homme fait les trous, il est suivi par un enfant, ou par une femme qui porte le panier dans lequel sont placés les jeunes plants. Cette femme les place donc dans chaque trou, & une seconde femme, armée d’un plantoir ou d’une, manette de fer, serre la terre des environs du trou contre les racines & contre la tige. Enfin, pour bien réussir, il faut, s’il est possible, que la plante ne s’apperçoive pas avoir changé de terrein ou de nourrice.

VI. Des soins que le Colza exige jusqu'à sa maturité. Ils sont peu nombreux, indispensables, & jamais donnés inutilement. Le premier est d’enlever les mauvaises herbes lorsqu’elles paroissent, & surtout la petite pioche à la main ; ce qui équivaut à un petit labour. Le second, de remplacer, le plus promptement possible, les plants qui n’auront pas repris, & d’arracher ceux qui languissent pour leur en substituer d’autres. Le troisième, de nettoyer le fossé qui environne les planches ou tables ; savoir, au commencement de novembre, à la fin de février & d’avril. Cette terre, entraînée par les pluies, & jetée sur les tables, servira d’engrais, recouvrira les pieds trop déchaussés, & le piochettement, lors du sarclage, la mêlera avec l’autre. Point d’engrais plus naturel que celui des terres rapportées.

VII. Du temps & de la manière de récolter le Colza. Suivant le climat, la semence est ordinairement mûre à la fin de juin ou de juillet. La saison & l’exposition concourent beaucoup à devancer ou à retarder l’époque de sa maturité. La tige abandonne successivement sa couleur verte, pour en prendre une jaunâtre, & quelquefois tirant sur le rouge, lorsqu’elle a souffert. Ce changement de couleur est l’effet de la dessiccation du parenchyme. (Voyez ce mot) L’épiderme n’a point de couleur par elle-même ; elle transmet simplement celle du parenchyme qu’elle recouvre.

Si l’on veut récolter le colza ainsi qu’il convient, on n’attendra pas que les siliques s’ouvrent d’elles-mêmes, la récolte seroit perdue. Si on les recueille trop vertes, la semence remplie de l’eau surabondante de la végétation, se ridera en se desséchant, & donnera peu d’huile. C’est la maturité qui forme l’huile ; le coup d’œil en décide.

On coupera la plante avec une faucille, dont le tranchant soit bien affilé, & on évitera de couper par saccades ; les graines trop mûres tomberoient. Il conviendroit d’enlever aussitôt les plantes, de les porter sous des hangars aérés de toutes parts, afin de les faire sécher entièrement. La place destinée sous ces hangars sera spacieuse, battue, nette & très-propre. Les petits faisceaux ne seront ni entassés ni pressés. Il est nécessaire de laisser entr’eux un libre courant d’air, & ils se dessécheront beaucoup plus vite, si on les dresse les uns contre les autres au nombre de trois ou quatre.

Si l’éloignement de la métairie ne permet pas un prompt transport, on étendra les tiges sur terre, comme le blé qui vient d’être moissonné, & elles resteront ainsi étendues pendant deux ou trois beaux jours. Dès que la plante sera suffisamment séchée, dans le champ ou sous le hangar,