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d’août, à l’abri du nord, dans des baquets remplis de terre & de terreau mêlés ensemble, qu’ils ont soin d’arroser à propos, & ils les laissent dans cette situation jusqu’aux gelées : ils les enferment alors dans de grandes serres pendant tous les froids, & les remettent à l’air aussitôt que le temps se radoucit. Le mois de mars arrivé, ils les replantent en place, & les arrosent.

» Cette manière n’est pas fort usitée, par la raison que ce plant, souvent enfermé dans la serre, jaunit lorsque les hivers sont un peu longs, s’attendrit ensuite lorsqu’on le met en plein air ; mais si leur prison dans la serre n’est pas longue, & si on a l’attention de sortir de temps en temps ces baquets, lorsqu’il survient de beaux jours, on peut être sûr que le plant réussira bien, & qu’il donnera son fruit le premier. S’ils ont besoin d’un peu d’eau, on leur en donne. La règle est de laisser dans un baquet de deux pieds de diamètre, environ cinquante plants.

» La seconde manière de le semer est celle de nos maraîchers : ils le sèment le 1er. octobre sur couche, avec l’attention, quand il est levé, d’ôter les cloches pendant le jour, lorsqu’il ne gèle pas, pour l’accoutumer à l’air, & de les remettre tous les soirs. On les repique ensuite sous cloche, le long d’un mur bien exposé, après avoir bien labouré & bien terreauté la terre : on en met vingt à vingt-cinq sous une même cloche, & on observe de ne pas trop les enterrer ; il suffit qu’ils le soient autant qu’ils l’étoient sur la couche.

» Au bout de quatre à cinq jours, on donne un peu d’air aux cloches, si le temps est favorable ; & huit jours après, on les ôte tout-à-fait pendant le jour, pour les endurcir ; mais on a soin de les remettre le soir.

» On les laisse dans cette situation jusqu’à la fin de février, auquel temps on les repique sur couche, & on les remet un peu plus au large. Douze à quinze sous chaque cloche suffisent : on les tient couverts pendant quatre à cinq jours, jusqu’à ce qu’ils aient bien repris, & on leur donne ensuite un peu d’air, si le temps n’est pas trop rigoureux. Huit jours après, on ôte entièrement les cloches pendant quelques heures du jour, & tous les soirs on les remet ; car il faut qu’ils s’endurcissent à l’air en même temps qu’ils profitent.

» Lorsque les plus grands froids sont passés, on ôte tout-à-fait les cloches, & on bâtit un petit treillage, sur la couche, pour soutenir quelques paillassons qu’on jette par-dessus, pendant les nuits seulement, à moins qu’il ne survienne encore quelques jours de gelée ou de giboulées ; auquel cas, on les tient couverts.

» On les laisse se fortifier dans cette situation jusqu’à la mi-avril, & on les replante alors en place, espacés de deux pieds ou deux pieds & demi, si c’est une terre bien fertile, & non pas forte ; car cette dernière qualité de terre ne convient pas à cette espèce. On observe d’y mettre un peu de terreau comme au chou tendre ; & s’il s’en trouve de borgnes, ou qui paroissent disposés à monter, on les re-