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être vicieux, & c’est sans doute à cause de ce préjugé que les marchands de chevaux ou les maquignons imaginent d’imiter la nature, en pratiquant artificiellement une étoile au milieu du front, au moyen d’une plaie faite par un instrument en cet endroit ; mais il est facile de distinguer cette marque factice de celle qui est naturelle, en ce qu’au milieu de la première, il y a un espace sans poils, & en ce que les poils blancs qui la forment, ne sont jamais égaux aux autres. Si l’étoile descend un peu, on l’appelle étoile prolongée ; si elle se propage le long du chanfrein, ou si, ensuite de cette marque, le chanfrein est couvert de poils blancs, l’animal est dit belle face. Si la lèvre antérieure est noyée dans le blanc, on dit que le cheval boit dans son blanc ; si le bout du nez est seulement taché d’une bande de poils blancs fort étroite, cette bande est dénommée lisse ; & en signalant le cheval, on ajoute lisse au bout du nez.

3o. Les épis : ces marques naissent, selon quelques-uns, d’une espèce de frisure naturelle du poil, & qui, se relevant sur un poil couché, forme une marque approchante de la figure d’un épi de blé : d’autres ne les envisagent que comme un retour ou un rebroussement de poil. Notre sentiment sur les marques est, qu’elles ne sont dues qu’à la configuration des pores qui criblent la peau du cheval. Il y en a d’ordinaires & d’extraordinaires.

Les épis ordinaires sont ceux qui se trouvent indifféremment & indistinctement sur tous les chevaux.

Les épis extraordinaires sont ceux qui, n’étant pas communs, méritent, de la part des esprits foibles & crédules une attention particulière. Tels sont l’épée romaine, qui règne tout le long de l’encolure, près de la crinière, tantôt des deux côtés, tantôt d’un seul, les trois épis séparés ou joints ensemble, que l’on voit quelquefois sur le front de l’animal, ainsi que le coup de lance, ou la cavité sans cicatrice, que l’on remarque quelquefois au-devant, quelquefois au bas du bras, & quelquefois à l’encolure. Elle est plus commune dans les chevaux turcs, dans les chevaux barbes & dans les chevaux d’Espagne, que dans les autres.


Section III.

De la division du corps du Cheval, & des parties extérieures qui le composent.


Nous divisons le cheval en trois parties ; en avant-main, en corps proprement dit, & en arrière-main.

L’avant-main comprend la tête, le col ou l’encolure, le garrot, le poitrail, les épaules & les extrémités antérieures. Le corps renferme le dos, les reins, les côtes, le ventre, les flancs, les testicules dans le cheval, & les mammelles dans la jument.

L’arrière-main est composée de la croupe, des hanches, des fesses, du grasset, des cuisses, du jarret, des extrémités postérieures, de l’anus ou du fondement, de la queue, & de la nature dans la jument.

Chacune de ces parties offre une subdivision particulière.

Dans la première partie, comprise dans l’avant-main, nous distinguons la tête, qui se divise en oreilles, toupet, front, salières, larmiers, sourcils, yeux, paupières, chanfrein,