plantes qui sont couvertes de chenilles. Dans une grande chaudronnée d’eau, on fait fondre sur le feu deux livres de savon très-commun ; quand cette eau est refroidie, on s’en sert pour asperger les plantes potagères, comme les choux, les pois, &c. & même les arbustes sur lesquels les chenilles se sont établies. On conçoit la difficulté qu’il y auroit d’employer ce moyen pour les grands arbres, quelque succès qu’on pût en attendre : pour lors, on peut avoir recours au soufre ; quoique ce moyen soit peu assuré, l’odeur de ce minéral est si contraire aux chenilles, que non-seulement elle les fait tomber en convulsion, quand elles y sont exposées, mais encore elle suffit pour les éloigner : la vapeur qui s’en élève, lorsqu’on le brûle, entre dans les conduits de leur respiration, l’arrête, les suffoque, & les fait tomber sans vie. On prend, pour cet effet, un réchaud de charbons bien allumés, qu’on promène sous les branches d’un arbre, où les chenilles se sont établies, en y jetant quelques pincées de soufre en poudre : on tient le réchaud à une distance suffisante, pour que la flamme, qui s’élève quand on y jette le soufre, n’endommage point les feuilles ; l’odeur seule qui en reste à l’arbre, suffit pour empêcher les chenilles voisines d’en approcher. Avec une livre de soufre, on peut faire mourir les chenilles d’un verger de plusieurs arpens. Tel est l’avis de plusieurs auteurs. D’après leurs témoignages, j’ai essayé cette fumigation sur des planches de jeunes choux : j’ai détruit, il est vrai, les chenilles, mais j’ai abymé les feuilles de manière qu’il ne restoit plus que le tronc. Si la vapeur a peu d’intensité, elle ne produit aucun effet ; ainsi, ce moyen nuit autant aux feuilles qu’aux chenilles ; & les feuilles qui ont poussé après cette fumigation, n’en ont pas moins été dévorées à leur tour.
On peut tenter tous ces moyens, quand il n’est plus possible d’attaquer les chenilles dans leur retraite, pour détruire la famille entière. Cependant il faut observer, qu’il est plus prudent d’écheniller pendant l’hiver, au lieu d’attendre la belle saison, pour faire usage des remèdes que nous venons d’indiquer : quelques efficaces qu’ils paroissent être au simple coup-d’œil, ils n’attaquent que quelques individus ; une très-grande partie est toujours à couvert des pièges qu’on lui tend, soit par les feuilles & les branches de l’arbre, qui empêchent la fumée & la vapeur d’arriver jusqu’à elles. M. D. L. L.
CHEPTEL ou Chetel, Cheteil, Chaptal, Chatal. Espèce de bail, par lequel on donne à nourrir des bœufs, des vaches, moutons, brebis, agneaux, chèvres, cochons, & le tout à moitié profit. L’arrêt du conseil de 1690, l’édit du mois d’octobre 1713, ont ordonné que de tels baux doivent être passés par devant notaire, pour éviter toute fraude.
Les conditions de ce bail, ou de l’acte sous seing-privé, sont en général, (car elles varient suivant les provinces) 1o. que le bailleur a droit de revendiquer le bétail qu’il a donné à cheptel, dans le cas de saisie chez le preneur ; 2o. que si le bétail vient à périr par cas fortuit, la perte est supportée par le bailleur & par le