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CHAPITRE VII.

De la Dessiccation complette des Châtaignes.


La méthode pratiquée dans les Cévennes paroît la meilleure, & nous allons la donner telle qu’elle est décrite par M. Parmentier, pag. 47 dans l’Ouvrage déjà cité, & auparavant par M. Desmarets, de l’Académie royale des Sciences, dans le Journal de Physique, année 1771, tom. 1er pag. 437, & Janvier 1772, pag. 512. « La claie des Cévennes, dit cet Auteur respectable & ce citoyen zélé, dont tous les travaux sont dirigés vers l’utilité publique, est un bâtiment qui a quatre faces, & dont les deux opposées sont parallèles. Pour construire une claie, on choisit un angle du bâtiment, afin d’éviter en partie la dépense des murs ou des cloisons. On établit, à la hauteur de six pieds neuf pouces du rez-de-chaussée, un plancher composé de six fortes poutres à des distances égales, & bien mises de niveau ; on attache dessus ces poutres des morceaux de bois d’égale longueur, aplatis par-dessus & aux deux bouts : le dessous est un dos d’âne, afin qu’ils reçoivent mieux la fumée. Ces morceaux de bois sont cloués à chacune de leur extrémité sur le milieu des poutres & à la distance d’un tuyau de grosse plume ; cet assemblage forme ce qu’on appelle la sétonnade. »

« On donne à cette claie ordinairement deux toises & demie en quarré, hors d’œuvre : l’on peut placer dessus jusqu’à trois pans de châtaignes fraîches, & le pan de châtaignes sèches doit rendre environ cent vingt-huit septiers ; pesant cent vingt-quatre livres chacun, poids de table, qui diffère de vingt pour cent du poids de marc. »

« Le bâtiment qui renferme la claie, est ordinairement de trois toises de hauteur. On le place, autant qu’il est possible, à couvert du mauvais vent. Vis-à-vis la porte d’entrée, on pratique au rez-de-chaussée, une ouverture d’un demi-pied de large & d’un pied de hauteur. Elle sert à éclairer & à donner au feu l’activité nécessaire. On fait, outre cela, une porte au-dessus de la claie, & dans le milieu d’une des faces du carré, & de chaque côté de la porte, une ouverture d’environ huit pouces de large sur quinze pouces de haut. Dans la face opposée, à environ trois pieds au-dessus de la grille, on pratique trois ouvertures ; savoir, deux qui correspondent à celle de la face où est la porte, & une troisième vis-à-vis la porte, deux pieds plus haut que les autres, & à trois pieds au-dessus de la grille ou claie. »

« Enfin, on fait près du toit & dans chacune des quatre faces, une ouverture d’un demi-pied en quarré pour donner issue à la fumée qui perce le lit de châtaignes étendues sur la claie, & qui les sèche. Ces ouvertures doivent être pratiquées les unes vis-à-vis des autres, dans les faces opposées. Le toit ne doit point être de planches jointes, toute planche peut servir à cette destination : on y pratique de chaque côté deux lucarnes de grandeur médiocre. On voit bien que toutes les différentes ouvertures ménagées dans la partie supérieure de la claie, sont destinées à donner un libre cours à la fumée, à mesure qu’elle s’élève ;