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gris cendré, mêlé d’une nuance bleuâtre. Enfin, la troisième est le chat d’Angora, qui est plus gros que le chat domestique & le chat sauvage ; son poil est beaucoup plus long & plus soyeux, le plus communément blanc, quelquefois de couleur fauve, rayée de brun.

La forme extérieure du chat est en général jolie & agréable ; ses proportions sont bien prises, & sa physionomie sur-tout exprime un air de finesse qui est encore relevé par la forme du front, de la tête entière, & par la position des oreilles. Mais entre-t-il en fureur, cette mine si douce & si fine se change tout d’un coup ; sa bouche s’ouvre, ses yeux s’enflamment, ils étincellent ; il tourne ses oreilles de côté, & les abaisse ; son poil se hérisse sur le dos & sur tout le corps ; toute sa physionomie décomposée n’offre plus qu’un air féroce & furieux ; ses cris sont effrayans, ses mouvemens rapides, ses griffes sortent de leurs gaines, il est prêt à tout déchirer ; alors rien ne l’épouvante, un animal plus fort ne l’intimide pas, il s’élance, se jette sur lui, le mord ou le déchire d’un coup de griffe, & non moins leste que hardi, à peine a-t-il frappé qu’il s’échappe & évite les atteintes de son ennemi.

La chatte entre en chaleur deux fois par an, dans le printemps & dans l’automne ; elle est beaucoup plus ardente que le mâle, elle le cherche, le poursuit, l’appelle ; les hauts cris & les roulemens qu’elle pousse alors annoncent la vivacité de ses désirs, ou plutôt l’état douloureux où ses besoins la réduisent, & que l’approche seule du mâle peut soulager. Les chattes portent cinquante-cinq à cinquante-six jours, & mettent bas ordinairement quatre, cinq ou six petits qu’elles ont soin de cacher & de transporter dans des trous, lorsqu’elles craignent que les mâles ne les dévorent, ce qui arrive quelquefois. Elles les allaitent pendant trois à quatre semaines, & puis vont à la chasse pour eux, & leur rapportent des rats, des souris, de petits oiseaux. Mais bientôt elles instruisent leurs petits dans le même art de la rapine, & finissent par leur laisser le soin de veiller à leur subsistance, en leur apprenant, par l’exemple, que tout moyen est bon & légitime, la ruse ou la force, pourvu qu’il réussisse. À quinze ou dix-huit mois, ils ont pris tout leur accroissement, peuvent engendrer avant l’âge d’un an, & vivent environ neuf à dix ans.

Le chat a quatre propriétés assez singulières, & qu’il partage avec très-peu d’animaux. 1o. Une espèce de râlement qu’il produit à volonté, & qui annonce presque toujours son contentement, & dont on n’a pu jusqu’à présent donner de bonnes causes ; ce seroit à l’anatomie à éclaircir ce phénomène animal : 2o. la conformation particulière de son œil ; dans les animaux, comme dans l’homme, la paupière peut se contracter & se dilater, elle s’élargit dans l’obscurité, lorsque la lumière manque ; elle se rétrécit, au contraire, dans le grand jour, lorsqu’elle devient trop vive ; mais cette dilatation & cette contraction se fait suivant la figure de la pupille, c’est-à-dire en rond, au lieu que dans le chat & dans les oiseaux de nuit, elle peut se faire suivant la ligne verticale, de façon que la