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laquelle il ne rencontre que des obstacles qui proviennent de la ténacité du terrein, ou de sa dureté lorsqu’il a éprouvé une trop grande sécheresse. Aussi faut-il convenir que les bons agriculteurs, persuadés de la difficulté de défricher des terres incultes, & de renouveler des prairies avec la charrue ordinaire, avoient recours à la bêche pour ces sortes de cultures. La bêche est sans doute préférable à tout autre instrument pour défricher ; aucune charrue, quelque parfaite qu’elle soit, ne peut la remplacer avec tous ses avantages ; mais il faut avouer que si elle fait l’ouvrage assez parfaitement, il faut aussi y employer beaucoup plus de temps qu’avec la charrue à coutres. Cet inconvénient qui, dans la pratique, exige qu’on y fasse attention, parce qu’il n’est pas toujours aisé de se procurer autant de bras qu’il seroit nécessaire pour exploiter de vastes prairies, ou de grandes terres en friche, est cause qu’on a imaginé la charrue à coutres sans soc, qui supplée en partie à la bêche, mais qui demande moins de bras, & fait beaucoup plus d’ouvrage en très-peu de temps. Lorsqu’on a une assez grande étendue de terrein à défricher, on ne peut guère se dispenser d’employer, pour cette opération, la charrue à coutres, autrement l’ouvrage traîneroit en longueur. Au contraire, quand on n’a qu’une très-petite étendue à défricher, il vaut beaucoup mieux se servir de la bêche, parce qu’il n’est pas difficile de se procurer des ouvriers quand on a peu de travail à faire : d’ailleurs l’ouvrage est toujours mieux fait.

Section première.

Charrue à coutres sans soc, inventée par M. de Châteauvieux.

Nous ne donnons que la description de l’arrière-train de la charrue à coutres sans soc, parce qu’on y adapte l’avant-train des autres charrues. La Figure 10 de la Planche 4, représente l’arrière-train de la charrue à coutres, tel qu’il est disposé pour être joint à l’avant-train de la charrue à une seule roue, que M. de Châteauvieux a imaginée, & dont nous avons donné la description. Quand on veut faire porter la flèche sur un avant-train à deux roues, il est inutile de pratiquer des mortoises à son extrémité ; pour lors on la fait selon les dimensions que doivent avoir celles destinées pour les charrues dont l’avant-train a deux roues, qui sont un peu plus longues, & plus minces au bout qui porte sur la sellette. Étant portée sur un avant-train à deux roues, la charrue sera beaucoup plus solide, & les obstacles qu’elle rencontrera dans sa marche, ne la feront point tourner si facilement, comme il peut arriver avec un avant-train à une seule roue, sur-tout quand on tourne, ou qu’on veut faire prendre l’entrure aux coutres.

L’arrière-train de cette charrue, (Fig. 10) est composé de la flèche AB, du double manche CD, dont le tenon, qui est à son bout inférieur, entre dans une mortoise pratiquée à l’extrémité de la flèche, pour le recevoir. Outre que le tenon du manche est chevillé dans la flèche, il est encore soutenu par la petite