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il faudroit tourner au bout du sillon. Il est donc beaucoup plus avantageux de lui donner une courbure, depuis le quatrième coutre jusqu’à son extrémité : étant moins élevée au-dessus du sol, on obvie non-seulement à l’inconvénient dont il vient d’être parlé, mais on en évite encore un autre, qui seroit la trop grande longueur des derniers coutres, qui est nécessaire quand la flèche est trop élevée. Quand les coutres sont fort longs, & que les pointes qui fendent la terre sont fort éloignées de l’emboîture des manches, ils sont exposés à se fausser, à moins qu’ils ne soient fort épais, & alors ils rendroient la charrue très-pesante : d’ailleurs, en supposant qu’ils ne se faussent point par l’effort qu’ils font pour ouvrir la terre, il est toujours à craindre que la résistance qu’ils éprouvent, ne les déplace, parce que la pointe étant à une trop grande distance de l’emboîture du manche, il y a une force presque insurmontable, pour lâcher & faire échapper les coins qui le tiennent assujetti.

Les coutres 1, 2, 3, 4, servent à ouvrir la terre, à couper le gazon & les racines des mauvaises plantes, afin que le soc de la charrue, ne trouvant point ces obstacles dans sa direction, puisse entrer avec plus de facilité dans la terre pour la bien diviser. Ces coutres en fer sont semblables à un couteau à gaine, dont la lame ne se replie point pour entrer dans le manche. Leur longueur, quand ils sont neufs, est de deux pieds huit pouces ; laquelle est divisée en deux parties égales pour le manche & la lame, qui ont par conséquent seize pouces. La largeur du manche est d’un pouce & sept huitièmes ; son épaisseur de sept huitièmes de pouce dans toute sa longueur : la lame est à peu près d’un tiers plus large que le manche.

En faisant les mortoises pour placer le coutre dans la flèche, il faut observer que les plans imaginaires que leurs tranchans sont censés décrire lorsque la charrue est tirée, doivent tous être parallèles les uns aux autres, au moins à peu près, afin qu’ils entrent tous ensemble en même temps dans la terre : pour cet effet, on fait la mortoise du second coutre, deux pouces & demi plus à la droite que la première, de même celle du troisième & du quatrième, conformément aux quatre incisions qu’ils doivent faire pour ouvrir un sillon de dix pouces de largeur.

Pour placer les coutres à cette distance mesurée les uns des autres, la flèche n’est point assez large ; c’est pourquoi on est obligé d’ajouter à la droite, la pièce de bois II, telle qu’on la voit dans la Figure : elle est attachée solidement à la flèche par trois vis & leurs écrous. La mortoise du premier coutre est taillée entièrement au milieu de la largeur de la flèche ; celle du second, en partie dans la flèche & dans la pièce ajoutée ; celles du troisième & du quatrième sont tout-à-fait dans la pièce ajoutée.

La distance de deux pouces & demi, à laquelle les coutres doivent être placés plus à la droite les uns des autres, doit être comptée du milieu d’une mortoise au milieu de l’autre : chacune doit avoir un pouce & un quart de largeur, & les côtés opposés parallèles : elles doivent être taillées obliquement dans la longueur de la flèche, afin de