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fait une charrue légère, en supprimant l’avant-train ; alors l’âge est portée par le joug des bœufs, ou soutenue au collier des chevaux, comme l’araire de Provence.

Le sep AA, l’âge II sont des pièces absolument semblables à celles de la charrue à versoir, excepté qu’elles sont moins fortes, parce que la charrue à tourne-oreille n’est employée que pour travailler les terres qui sont en bon état de culture. Les manches, qui sont construits dans les mêmes proportions, sont plus inclinés sur le sep auquel ils sont assemblés vers sa partie antérieure. L’âge, après avoir traversé le manche, vient s’emboîter dans le talon du sep. La scie G passe dans une mortoise pratiquée à l’âge, & vient entrer dans une autre qui est au bout antérieur du sep, pour unir solidement ces deux pièces. Le soc B, Fig. 10, est à deux tranchans symétriques, terminés par une douille dans laquelle entre la pointe du sep ; aussi cette charrue renverse la terre tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, selon la position de son versoir qu’on change au bout de chaque raie : ce déplacement successif du versoir exige que le soc ait cette forme ; s’il n’avoit qu’un tranchant, quand il seroit placé au côté opposé, il n’auroit point de terre à soulever, & celle de l’autre retomberoit toujours dans la raie.

Le fourchet de bois CC, qu’on nomme le coyau, fait presque l’office de versoir, dont il pourroit absolument tenir lieu : son extrémité est appuyée sur la douille du soc, son angle repose sur la scie G, & les deux branches de la fourche qu’il forme, sont en l’air : ce coyau est fixé sur le sep par deux fortes chevilles qui le traversent de chaque côté, & qui entrent dans le sep. Son principal office est d’écarter la terre qui a été coupée par le coutre & le soc, & de la verser sur les côtés, afin qu’elle ne tombe pas dans le sillon.

La Figure 11 représente l’oreille de la charrue, dans la position où elle est quand elle est en place. La Fig. 12. la montre à plat avec les chevilles qui servent à l’attacher. Cette oreille, qu’on doit considérer comme un versoir amovible, est une espèce de triangle de bois, dont le plus petit angle est garni d’une douille de fer terminée en crochet. Au milieu de cette douille, on voit une cheville à talon, qui y est fortement enfoncée ; à l’autre extrémité de l’oreille, il y en a une autre courte & grosse, qui est enfoncée solidement dans le trou pratiqué à cet effet.

Pour attacher l’oreille à un des côtés de la charrue, on passe le crochet, qui est au bout de la douille, à un crampon placé en M, au bas de chaque côté du sep ; on enfonce la cheville à talon dans le trou du sep qu’on voit en N, jusqu’à ce que le talon touche l’ouverture du trou ; l’autre cheville va appuyer sur les manches ou contre l’extrémité de l’âge. La ligne ponctuée marque le contour de l’oreille mise en place, sur un des côtés de la charrue.

La charrue à tourne-oreille n’a ordinairement qu’un seul coutre, qui est placé dans une mortoise pratiquée à l’âge, autour de laquelle on met deux cercles de fer. Sa position est oblique, sa direction est devant le soc auquel il ouvre la terre, ainsi qu’aux autres charrues qui en sont fournies. La pointe du coutre doit