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le même cas, ainsi que l’aulne ou verne.

2o. De la manière de préparer le terrain d’une avenue. La largeur d’une avenue doit jusqu’à un certain point être proportionnée à la longueur & à la largeur du bâtiment, ou d’une de ses parties, qui doit former la perspective à l’extrémité de l’avenue. La largeur est encore subordonnée à l’espèce d’arbre à planter ; le chêne, le châtaignier, le noyer, étendent prodigieusement leurs branches ; le chêne, le tilleul, l’ypréaux, le peuplier d’Italie, s’élèvent très-haut. Si l’allée est trop étroite, les arbres de la première espèce entrelaceront bientôt leurs branches ; & plantée avec les arbres de la seconde, elle ne paroîtra qu’un boyau ; enfin, le site, la nature, du terrain, &c. sont autant d’objets à examiner avant de commencer les alignemens. Il y a une règle générale : une avenue de cent toises de longueur, peut avoir six toises de largeur, si le sol est de qualité médiocre, & huit s’il est bon. Celle de deux cens toises, huit dans le premier cas, & dix dans le second ; & celle de trois cens toises, de dix à douze, à quatorze & à seize.

La distance d’un arbre à l’autre, sur la même ligne, dépend encore de la nature de l’arbre & de la nature du terrain. Si on plantoit, par exemple, le noyer aussi près que le peuplier d’Italie, & le peuplier d’Italie aussi éloigné que le noyer, il est constant que dans le premier, les racines & les branches du noyer s’entrelaceroient en peu de tems, & les arbres périroient après avoir langui pendant quelques années. Dans le second, les peupliers d’Italie seroient trop espacés & sembleroient des fuseaux. C’est dans de justes proportions que réside la beauté de ces plantations, & le succès de la bonne végétation des arbres y est également soumis.

On veut jouir & on plante serré, sauf, dit-on, d’arracher par la suite un arbre entre deux : mais qui répondra à celui qui pense ainsi, que le moment venu d’éclaircir les arbres de l’avenue, celui qui doit être coupé ne sera pas fort & vigoureux, tandis que celui destiné à rester en place sera maigre, languissant, &c ? Il n’y a rien à gagner lorsque l’on plante trop près, & tout à perdre en plantant serré.

L’espace à donner aux arbres dont la tige s’éleve fort haut, & dont les branches s’étendent beaucoup, est de trente pieds dans un terrain ordinaire, de quarante si le fond est très-bon, & de vingt s’il est médiocre.

Les arbres fruitiers de vingt à trente pieds ; les platanes, les ormeaux, le grand tilleul, les mûriers, les hêtres, les marronniers d’inde, à trente pieds.

Les espèces de saules de dix à douze pieds ; les ypréaux, les peupliers ordinaires également, &c.

La première attention dans la formation d’une avenue, est de mesurer exactement sa longueur, afin de savoir au juste la quantité d’arbres qu’elle exige. Fixez aux deux extrémités de chaque côté des jalons, & dans le milieu un troisième jalon bien aligné avec les deux premiers ; ce troisième servira à aligner tous les jalons intermédiaires que l’on plantera de distance. Alors faites tracer une ligne sur le sol, & marquez