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les jeunes plants dans les forêts, & à les planter comme il vient d’être dit. Leur reprise est moins sûre, tous les plants ne grandissent pas à la fois & également ; il se fait des clarières, des vides, que l’on tente vainement de regarnir par la suite. La fosse pratiquée à cet effet est bientôt remplie des racines des pieds voisins, & ces racines absorbent la nourriture qu’exigeroit la jeune plante. Une haie formée avec des plants de pépinière est toujours plus forte, mieux garnie, & dure plus long-tems que celle formée avec des plants tirés des forêts, sur-tout si on a ménagé le pivot, ce qui est facile dans une pépinière.


AUBERGINE, ou Mayenne, ou Méringeanne, ou Mélongène. (Voy. Pl. 1, p. 52.) M. Tournefort la place dans la septième section de la seconde classe, qui comprend les fleurs en forme d’entonnoir, dont le pistil devient un fruit mou & charnu, & il l’appelle melongena fructu oblongo. M. le chevalier von Linné la classe dans la pentandrie monogynie, & la nomme solanum melongena.

Fleur, d’une seule pièce D en rosette, divisée en cinq parties ; elle est vue par-dessous en B ; elle est composée de cinq étamines, & d’un pistil E. On les voit comme réunies par leur sommet en D, & leur disposition en C. Le calice est d’une seule pièce en forme de cloche F, découpé en plusieurs parties à son sommet, & ses nervures sont armées de piquans plus forts que ceux des tiges. La fleur a une couleur vineuse un peu terne.

Fruit G, baie pendante, molle, cylindrique, lisse, luisante, douce au toucher, sa peau ordinairement violette, quelquefois jaune, la chair blanche renferme les semences I, applaties, en forme de rein, & on voit leur disposition en H.

Feuilles, ovales, terminées en pointe, entières, sinuées sur leurs bords, marquées de fortes nervures, soutenues par de longs pétioles armés d’épines, ainsi que les nervures des feuilles sur le dessus de la feuille. Le dessus est d’un verd plus foncé que le dessous.

Racine A ; fibreuse, peu profonde.

Port. La tige s’élève ordinairement de douze à dix-huit pouces de hauteur ; elle est cylindrique, cotonneuse, roussâtre, quelquefois violette, rameuse ; les fleurs sont opposées aux feuilles.

Lieu. On la cultive dans les jardins, sur-tout en Provence & en Languedoc. La variété jaune vient d’Éthiopie.

Propriétés. L’herbe est fade, avec une légère odeur narcotique. On lui attribue les vertus des solanum ; on la regarde comme adoucissante, anodine, émolliente, appliquée en cataplasme sur les hémorroïdes, dans les cas d’inflammations, &c. Le fruit fournit une nourriture rafraîchissante ; il s’en fait une grande consommation dans nos provinces méridionales. Des auteurs qui certainement n’ont jamais bien connu ce fruit, l’ont regardé comme un aliment indigeste & même dangereux, parce qu’il est de la famille des solanum, comme si l’usage des pommes de terre, qui sont de la même famille, entraînoit après lui quelque inconvénient. La moitié