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pétioles assez longs, dentées en manière de scie, deux fois divisées en trois, lisses, d’un verd foncé & brillant par-dessus, & d’un verd plus clair par-dessous.

Racine, tortueuse, rameuse, ligneuse.

Port. Grand arbrisseau, qui s’élève quelquefois à la hauteur des arbres de la troisième grandeur, suivant le terrain où il croît. Les rameaux très-multipliés & tortueux ; lorsqu’ils poussent en buisson, ils sont armés de fortes épines ; l’écorce est blanchâtre ; les fleurs naissent au sommet, disposées en corymbe, blanches, quelquefois d’un rose tendre, lorsque la fleur est dans son plus grand épanouissement ; les feuilles sont placées alternativement sur les tiges.

Propriétés. Les feuilles ont un goût visqueux ; les fleurs une odeur aromatique, assez agréable ; la pulpe du fruit est molle, glutineuse, douceâtre, astringente. On tire des fleurs une eau distillée, qu’on regarde comme diurétique ; ce qui est douteux. Des auteurs conseillent l’infusion des feuilles dans les diarrhées bilieuses, dans la diarrhée avec relâchement d’estomac, ce qui n’est pas bien démontré : d’autres prescrivent aussi inutilement de concasser le noyau, de le réduire en poudre, & de boire sa décoction pour expulser les sables, les graviers ; l’usage de son écorce est aussi inutile dans les dyssenteries.

À force de culture, de soins, l’art est parvenu à métamorphoser les fleurs simples de l’aubépin en fleurs doubles. Sur certains individus, ces fleurs sont d’un blanc, & sur d’autres, blanches, & tirant sur le rose dans le centre. Ces fleurs rassemblées en bouquets, offrent un joli coup d’œil ; elles méritent à cet arbrisseau une place dans les bosquets du printems. L’aubépin souffre la taille avec le croissant & avec les ciseaux, & il est facile de réunir à l’utilité de la haie, l’agrément du coup d’œil. On peut, à chaque distance de quinze à dix-huit pieds, suivant l’étendue de la haie, laisser monter une tige droite, & former à son sommet une tête ronde que l’on taille au ciseau.

Il y a deux manières de former les haies d’aubépin, ou en semant la graine, ou en plantant des pieds qu’on arrache dans les forêts.

Du semis. Cette méthode est plus longue, à la vérité, mais beaucoup plus sure. Dès que le fruit est parfaitement mûr, à la fin de l’automne, on le détachera des branches, & il sera aussitôt enterré, même avec sa pulpe, dans une caisse ou vase quelconque, rempli de terre rendue légère par le sable. Elle ne doit être ni trop humide, ni trop sèche, & on l’arrosera pendant l’hiver si le besoin l’exige. C’est ainsi qu’elle passera l’hiver dans un lieu à l’abri des gelées. Dès que l’on n’aura plus à redouter la rigueur de la saison, ces grains seront tirés de la caisse, & placés dans des sillons dont la terre sera légère. Chaque sillon sera éloigné du sillon voisin, de dix à douze pouces, & chaque grain de six pouces. Il est prudent d’en mettre deux ensemble, sauf à arracher celui qui aura poussé avec moins de vigueur. Ces distances sont nécessaires, & facilitent les sarclages & les petits labours que les jeunes plantes exigent. Les précau-