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toujours un septième animal pour suppléer celui qui sera malade ou trop fatigué. Que l’on ne s’y trompe pas, il est de la plus grande ressource. Chaque paire de bœuf vaut communément de 300 à 400 livres ; la paire de chevaux, de 7 à 800 ; & celle de mules de bon âge & fortes, de 8 à 1 200 livres. Il faut deux vaches à 80 livres pièce, & au moins 50 moutons ou brebis, à 8 livres par tête.

2o. Les harnois.

3o. Quatre charrues : la quatrième surnuméraire, pour n’être pas pris au dépourvu. Si elles sont à train, comme celles de Brie & celles de Flandre, c’est au plus bas, un objet de 120 à 130 livres. Si c’est une arraire, suivant l’usage des provinces méridionales, elle coûtera au moins une pistole, &c. sans comprendre tous les accessoires des charrues.

4o. Pour le service d’un pareil domaine, il faut au moins une charrette & un tombereau avec leur essieu en fer ; l’essieu en bois est une mauvaise économie. La charrette & le tombereau coûteront au moins 400 livres.

5o. Marteau, tenailles, pelles, pioches de tout genre.

6o. L’entretien des outils, des harnois, des charrettes ; le compte du maréchal.

7o. Cuves, pressoirs, tonneaux, barriques, vaisseaux pour la vendange, &c.

8o. Achat des animaux de basse-cour.

9o. Gages de trois domestiques, au moins à 270 livres pour les trois. Ceux de deux servantes, 120 livres.

10o. La nourriture, à 150 livres pour chaque individu.

11o. La nourriture en foin, avoine, paille, &c. pour sept chevaux, ou mules, ou bœufs, & de deux vaches, à raison de 15 sols par jour pour chacun.

12o. L’achat des fumiers.

13o. L’achat des grains pour ensemencer.

14o. La réparation des bâtimens.

15o. L’entretien de tous les ustensiles quelconques.

16o. Les petits meubles & linges indispensables dans la métairie, &c. Enfin, on estime dans la Beauce, que les avances primitives pour faire valoir une métairie de deux charrues, excèdent la somme de 6 000 livres. Dans ces avances générales ne sont point comprises celles des vaisseaux vinaires, celles que le propriétaire est obligé de faire pour meubler & disposer la maison qu’il doit habiter. Que sera-ce donc, si pour se loger il est contraint de bâtir ! C’est le cas de dire que dans toute acquisition, il faut acheter les folies des autres ; & dans ces circonstances, ne pas perdre de vue le conseil donné par Caton. « Achetez d’un bon maître ; il y a de l’avantage à acquérir un domaine en bon état ; bien de gens croient que l’on gagne à acquérir d’un propriétaire négligent, à cause qu’il vend moins cher ; ils se trompent ; l’acquisition d’un bien délabré est toujours un mauvais marché. » Écoutons encore Columelle. « Le champ doit être plus foible que le laboureur. Si le fonds est plus fort, le maître sera écrasé. » Que conclure de ces préceptes fondés sur l’expérience ? Que tout homme sensé doit, en achetant,