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l’atmosphère ; mais quand il commence à vieillir, & qu’il est malade, le cœur s’échauffe par la fermentation de la sève qui ne circule plus avec la même liberté. Nous pouvons très-bien comparer cette augmentation de chaleur à la chaleur fébrile animale, à celle d’une inflammation. Cette partie du centre prend en s’échauffant une teinte rouge, qui est le premier indice du dépérissement de l’arbre & de la désorganisation du bois. M. de Buffon assure qu’il en a manié des morceaux dans cet état, qui étoient aussi chauds que si on les eût fait chauffer au feu.

La différence des saisons où l’on a fait les expériences sur la chaleur végétale, est sans doute cause que quelques auteurs n’ont trouvé aucune différence ; mais ils n’ont pas fait attention (ajoute le Pline françois) « que la chaleur de l’air est aussi grande & plus grande que celle de l’intérieur de l’arbre en été ; tandis qu’en hiver c’est tout le contraire. Ils ne se sont pas souvenu que les racines ont constamment au moins le degré de chaleur de la terre qui les environne ; & que cette chaleur de l’intérieur de la terre est, pendant tout l’hiver, considérablement plus grande que celle de l’air & de la surface de la terre refroidie par l’air. Ils ne se sont pas rappelé que les rayons du soleil tombant très-vivement sur les feuilles & les autres parties délicates des végétaux, non-seulement les échauffent, mais les brûlent ; qu’ils échauffent de même à un très-grand degré, l’écorce & le bois dont ils pénétrent la surface, dans laquelle ils s’amortissent & se fixent. Ils n’ont pas pensé que le mouvement seul de la sève déjà chaude, est une cause nécessaire de la chaleur ; & que ce mouvement venant à augmenter par l’action du soleil, ou d’une autre chaleur extérieure, celle des végétaux doit être d’autant plus grande, que le mouvement de leur sève est plus accéléré, &c. Je n’insiste si long-tems (continue M. de Buffon) sur ce point, qu’à cause de son importance : l’uniformité du plan de la nature seroit violée, si, ayant accordé à tous les animaux un degré de chaleur supérieur à celui des matières brutes, elle l’avoit refusé aux végétaux, qui, comme les animaux, ont leur espèce de vie ».

Si les plantes ont une sorte de faculté de produire de la chaleur, surtout en raison de la température de l’atmosphère, & si plusieurs d’entr’elles sont en état de résister aux plus grands froids, il n’en est pas de même de la chaleur en général. Les très-grandes chaleurs dessèchent & brûlent les plantes ; & l’on pourroit dire avec vérité, que la nature est moins féconde, moins vivante dans les régions brûlées de la zone torride, que dans les climats glacés du nord. L’évaporation trop considérable que la terre & les plantes éprouvent, est la principale cause de leur mort. L’humidité nécessaire pour délayer leurs sucs propres, pour les faire circuler, manque ; insensiblement ils s’épaississent, obstruent les vaisseaux, & empêchent les parties nutritives de se distribuer de manière à produire ou l’accroissement ou l’entretien. La nature a trouvé cependant le moyen de faire subsister quelques plantes, des arbres même, dans ces climats brûlans où la chaleur à l’air libre va souvent à trente-quatre degrés, & même à la surface de la terre, elle surpasse quelquefois le soixante-cinquième ; mais elles