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que les autres ; elles sont légèrement dentelées, d’un vert foncé & luisant.

L’arbre est beaucoup plus grand que le précédent, moins que les guigniers & les bigarreautiers, chargé de beaucoup de branches qui se soutiennent très-mal ; les boutons sont ovales & pointus, & font avec les bourgeons un angle assez ouvert ; les fleurs sortent souvent trois ou quatre du même œil, & comme les yeux sont rapprochés, il n’est pas rare de voir des grouppes de fruits de huit à neuf, & même plus.

On le greffe sur le merisier pour lui donner un pied un peu élevé ; l’époque de la maturité du fruit est à la fin de Mai ou au commencement de Juin.

III. Cerisier commun, ou Griottier à fruit rond. Cerasus vulgaris fructu rotundo. Duh.

Toutes les espèces de cette famille provenues de noyau, portent ce nom ; elles varient beaucoup par la grandeur de l’arbre, la manière de disposer ses branches, la qualité du fruit & le tems de sa maturité. C’est le griottier le plus rapproché de son état primitif. Je suis persuadé que si on le livroit à lui, que le terrain sur lequel il végète ne fût pas cultivé, que si on semoit de suite les noyaux du premier arbre ainsi abandonné à lui-même, que si on semoit encore les noyaux de ces seconds arbres, puis des troisièmes, on parviendroit à la dégénérescence exacte de l’espèce, & enfin elle seroit réduite à l’état sauvage dont j’ai parlé au premier Chapitre, & d’où la patience & l’industrie de l’homme l’ont tirée.

Le griottier commun a un grand avantage : comme il est moins éloigné de son état primitif, comme il végète dans son pays natal, il est plus robuste, & craint moins les effets du froid rigoureux que les autres griottiers plus perfectionnés & policés. Il faut des circonstances bien extraordinaires pour qu’il ne se charge pas chaque année d’une assez grande quantité de fruit, & lorsque la saison est propice, il en est surchargé.

La culture ou le hasard ont procuré deux jolies variétés de cet arbre : c’est le cerisier ou griottier à fleur double & à fleur semi-double, & tous deux produisent le plus joli effet dans les jardins ornés, & dans les bosquets d’été.

La fleur semi-double est formée par une vingtaine de pétales, du milieu desquels s’élèvent assez souvent deux pistils. M. Duhamel a observé que lorsque les fleurs à double pistil nouent leur fruit, ce qui n’arrive communément que sur les vieux arbres, le fruit est jumeau ; que les pistils de quelques fleurs se développent en petites feuilles vertes, & ces fleurs sont stériles ; enfin, que les fleurs à un seul pistil & en très-petit nombre, produisent du fruit.

La fleur double est composée d’un plus grand nombre de pétales ; du milieu s’élève un pistil monstrueux ou dégénéré en plusieurs feuilles vertes. Ces fleurs sont moins belles que celles des merisiers à fleur double ou semi-double.

IV. Cerisier ou Griottier à la Feuille.

On le trouve dans les bois. Son caractère particulier est d’avoir une feuille alongée, à dentelures inégales, pointue des deux côtés, peu renflée dans son milieu, & ayant des glandes à sa base & quelquefois des stipules. Cette feuille est adhérente à la queue qui soutient le fruit, & cette queue est longue. Le port de l’ar-