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hauteur & de cette constitution actuelle, dépendent la force avec laquelle elle presse les corps qui se trouvent plongés dans son sein, & l’influence qu’elle a sur l’économie.

Cette hauteur n’est point facile à connaître exactement ; tous les moyens dont se sont servis MM. Boyle, Mariotte, Halley, Lahire, ont donné des résultats trop différens pour que l’on puisse compter sur quelque chose. Il est sûr que l’atmosphère est beaucoup plus élevée que les montagnes les plus hautes. La montagne du Chimboraco, dans les Cordilières du Pérou, a, suivant les calculs de MM. Bouguer & la Condamine, près de 3 000 toises de hauteur. Quelle est l’élévation de l’atmosphère au-dessus de cette montagne ? Elle est à la vérité de 3 000 toises moindre qu’au bord de la mer, & son poids augmente en proportion de sa hauteur. La physique offre un procédé bien simple pour estimer ce poids & la force avec laquelle il presse les corps que l’air environne. Le calcul en est facile.

On sait que la suspension de la colonne de mercure dans le baromètre, (voyez Baromètre), est due à la colonne d’air de même base, qui repose sur la surface du mercure. Cette petite colonne de mercure, de vingt-sept à vingt-neuf pouces, est en équilibre avec une colonne atmosphérique de même base & de toute la hauteur de l’atmosphère. Pour connoître le poids de cette masse d’air, il n’y a qu’à comparer la pesanteur du mercure avec un autre fluide, connu comme l’eau. Le mercure pèse près de quatorze fois plus que l’eau ; le poids d’une colonne de vingt-huit pouces équivaut donc à celui d’une colonne d’eau de même base & de trois cents quatre-vingt-douze pouces, ou de trente-deux pieds deux troisièmes de hauteur. Supposons trente-deux pieds pour la facilité du calcul. La surface du corps d’un homme de moyenne taille, est environ de quatorze pieds carrés ; & ce corps étant pressé de toutes parts par l’air qui l’enveloppe, cette pression équivaudra à celle d’une colonne d’eau de trente-deux pieds de hauteur, & dont la base seroit égale à toute la surface du corps de l’homme. Veut-on trouver quel est ce poids, le calcul suivant le donnera. Un pied cubique d’eau commune pèse 70 livres ; une colonne d’eau d’un pied carré de base, & de 32 pieds de hauteur, pèse 32 fois 70 livres, ou 2 240 livres. Ainsi quatorze colonnes semblables pèseront ensemble 31 360 livres. Quelle pression énorme pour une machine aussi foible que celle du corps humain ? il succomberoit facilement sous un tel poids, dont cependant il ne s’apperçoit pas, s’il n’étoit contre-balancé par l’air intérieur, disséminé entre les parties de son corps.

D’après cette théorie, il est facile de calculer la pression de l’atmosphère sur tous les corps, sur les animaux, comme sur les plantes. La proportion est égale ; c’est toujours l’air intérieur qui réagit & qui fait équilibre avec l’air extérieur. Le chêne fort & robuste, dont les branches étendues offrent une surface immense, n’éprouve pas de la part de l’air une pression plus