Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/669

Cette page a été validée par deux contributeurs.

connoissance des cerisiers qu’ils n’avoient pas, & que ce riche cadeau a seulement contribué à perfectionner nos espèces gauloises, s’il est vrai qu’elles ne le fussent pas déjà à cette époque. En effet, ces différentes espèces de merisiers se perpétuent de noyau ; le fruit, il est vrai, dégénère si la graine est confiée à une mauvaise terre ; & si l’on refuse des soins à l’arbre, peu-à-peu, il reviendra au point d’où il est parti ; mais malgré cela, on reconnoîtra toujours ou la merise noire à fruit doux & sucré, ou la merise à fruit plus ferme, plus dur & plus cassant, ou la merise à fruit acide. Peut-être dira-t-on que la première espèce mérite seule le nom de merise, que les autres forment des espèces à part, & ne sont pas des merises. Quand cela seroit, il n’en resteroit pas moins prouvé que nos anciens druides mangeoient des cerises avant que Lucullus en enrichît l’Italie, où il fait trop chaud pour que les arbres y réussissent, & que les fruits aient un parfum aussi agréable que ceux des climats plus froids. Peut-être trouveroit-on, à une certaine hauteur & température des Apennins, les mêmes cerisiers sauvages que dans les Gaules, ce qui ne changeroit rien au principe que je viens d’établir. Notre richesse dans les espèces de cerisiers, nous fait voir avec indifférence les fruits des forêts ; & le pépiniériste & l’homme riche songent seulement à vendre des arbres, ou à jouir de leurs fruits.


CHAPITRE II.

Caractère du genre du Cerisier.


La fleur est composée de cinq pétales attachés au calice par leur onglet ; le calice est d’une seule pièce à cinq découpures, & se dessèche & tombe avant que le fruit ait acquis sa grosseur, & souvent même dès qu’il est noué ; quelquefois il subsiste jusqu’à la maturité du fruit : une vingtaine d’étamines environ, sont attachées sur les parois intérieures du calice, & le pistil occupe le milieu de la fleur.

Le fruit couvert d’une écorce fine, luisante, fraîche à l’œil : la chair est un composé de petites cellules qui contiennent un suc doux ou acide, suivant l’espèce. Dans certaines, la chair tient au noyau ; dans d’autres, elle s’en sépare, & quelques-uns de ces noyaux tiennent au pétiole. Le noyau est une substance ligneuse, blanche, plus dure dans les fruits acides, & il renferme dans son milieu une amande.

Quatre écorces revêtent le tronc & les branches des cerisiers. L’enveloppe extérieure est forte, dure, solide, coriace : la seconde a les mêmes caractères, mais elle est plus mince & moins dure : la troisième est molle & spongieuse. La direction des fibres de ces trois écorces est en spirale : les fibres de la quatrième sont suivant la longueur des branches, & sa substance est blanche & molle.

Les cerisiers ont les trois espèces de boutons ; (voyez ce mot) ceux à bois sont placés à l’extrémité des branches, plus pointus que les suivans ; ceux à feuilles sont implantés le long des jeunes branches ; ils sont plus gros & moins pointus que les premiers, & il en sort un petit faisceau composé de huit à dix feuilles ; voilà le berceau dans lequel sont préparés & nourris les boutons à fleurs