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phère, c’est certainement leur air fixe & leur air inflammable. (Voyez Air fixe & Air inflammable.) Ces deux substances redeviennent parties constituantes de l’air commun ; absorbées de nouveau par les plantes, après les avoir nourries, entretenues & fortifiées, elles repassent encore dans la masse générale. Cette circulation perpétuelle est l’ame & la vie de l’économie végétale, comme nous l’avons vu dans les articles ci-dessus.

Nous ne parlerons pas ici des émanations terrestres, métalliques & fluides qui se rencontrent dans l’atmosphère. Comme ces substances n’y sont qu’accidentellement ; que leur pesanteur spécifique les empêche d’y rester long-tems suspendues, elles n’en sont pas parties constituantes, & par conséquent elles ne doivent pas entrer dans la classe des principes de l’atmosphère. Les vents, les tempêtes, les bouleversemens, les embrasemens, les travaux des hommes, en petit comme en grand ; les opérations des laboratoires, des mines, des exploitations, sont les causes qui répandent le plus souvent ces molécules dans l’air, où elles ne séjournent que peu. Pour parler plus exactement, il faudroit dire que ces substances hétérogènes sont transportées d’un lieu dans un autre par le moyen de l’air, & non pas qu’elles font partie de l’atmosphère, comme quelques auteurs l’ont avancé.

Il faut cependant remarquer que souvent l’atmosphère d’un pays, d’un sol, est infectée par les émanations ou les miasmes pestilentiels qui s’en exhalent. Il faut attribuer ce vice plutôt à l’air méphitique développé par la fermentation des végétaux ou des animaux qui se décomposent, qu’à des parties solides & nuisibles combinées avec l’atmosphère. C’est à ces miasmes, à cet air méphitique, qui se trouve toujours sous forme fluide, qui pénétrent dans l’intérieur de l’homme & des animaux par tous les organes, qui se mêlent à ses alimens, se déposent & adhèrent à ses vêtemens, qu’il faut attribuer les maladies épidémiques qui font tant de ravages. Mais ce qui prouve mieux que ces principes ne sont qu’interposés entre les molécules atmosphériques, & ne sont tout au plus qu’en dissolution dans l’eau, qui en est une partie nécessaire, c’est que le moindre changement dans la constitution de l’air, un grand vent, une pluie, une gelée les précipitent & balayent ces causes de destruction.

Il nous semble donc que deux principes concourent essentiellement à former cette masse de fluide qui environne notre globe, l’eau & l’air ; & cet air encore n’est-il peut-être que le résultat de la combinaison des airs déphlogistiqué, fixe & inflammable. Toutes les autres substances que l’analyse y rencontre, n’y sont qu’accidentellement ; & peuvent en être extraites & séparées, sans que pour cela la nature de l’atmosphère soit détruite.

Les substances qui concourent à composer l’atmosphère, ne sont pas le seul objet important à connoître ; sa hauteur ou la profondeur de cette masse aérienne, & sa constitution présente, doivent intéresser le cultivateur physicien. De cette