Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de vapeurs aqueuses, que lorsque une humidité générale, une pluie de longue durée, des brouillards épais forment le tems que l’on appelle humide ; mais c’est une erreur vulgaire bien pardonnable, à la vérité, puisqu’elle naît du témoignage des sens ; le vulgaire n’est pas ici le seul qui s’abuse ; le commun des hommes est très-persuadé que jamais l’atmosphère n’est aussi dépouillée d’humidité, que lorsque le tems continue à être serein & chaud. Cependant c’est tout le contraire : plus la chaleur dure, plus l’évaporation est abondante, plus par conséquent il s’élève de vapeurs ; & la sécheresse de la terre ne vient que de cette évaporation. Cette eau, à la vérité, ne s’arrête pas dans les basses régions de l’atmosphère ; raréfiée par la très-grande chaleur, elle devient plus légère, & sa pesanteur spécifique la porte dans les couches les plus élevées, où elle s’étend & occupe un très-grand espace. La ténuité de ses molécules, leur éloignement réciproque, la distance où elles sont de notre globe, font qu’elles échappent à nos yeux mais elles n’en existent pas moins. Leur présence s’annonce par l’augmentation du poids de l’atmosphère, comme il est facile de s’en assurer par le baromètre. (Voyez Baromètre) Lorsque par leur rapprochement & leur condensation, elles deviennent plus pesantes, elles retombent alors vers les régions inférieures, & deviennent sensibles pour nous par des effets immédiats. Si nous considérons notre globe comme un centre autour duquel s’étend toute l’atmosphère par autant de couches ou de zones, on conçoit facilement que celle de la circonférence doit avoir infiniment plus de diamètre & de surface, que celle qui nous avoisine & nous touche : par conséquent la même masse d’eau, qui est très-sensible lorsqu’elle flotte au-dessus de nos têtes, par exemple sous la forme de brouillard, parvenue vers les dernières couches, trouvera un plus grand espace où toutes ses parties pourront s’étendre & s’éloigner les unes des autres au point d’être invisibles. On a donc tort de conclure que l’atmosphère est plus légère & moins chargée d’humidité parce que l’air est plus serein.

L’air & l’eau ne sont pas les seuls principes qui composent l’atmosphère ; toutes les exhalaisons & les émanations naturelles & artificielles des corps se rassemblent & flottent dans ce grand réservoir, & y travaillent sans cesse à de nouvelles productions. Le règne végétal fournit abondamment des parties odorantes, qui se mêlent à l’eau & à l’air de l’atmosphère. Il en est de ces parties odorantes, comme des molécules aqueuses dont nous venons de parler ; tant qu’elles sont réunies & rapprochées, elles sont sensibles à l’odorat ; mais dès qu’elles viennent à prendre plus de surface en occupant plus d’espace, leur présence paroît nulle, parce qu’elle ne s’annonce par aucune impression sur nos organes. La transpiration insensible des plantes évacue encore le plus grand nombre de leurs principes, comme les parties huileuses, gommeuses, séveuses, résineuses ; mais la secrétion la plus abondante que les végétaux rendent à l’atmos-