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c’est un véritable oignon. Sa mère, qui a nourri en même-tems ses fleurs, ses fruits & son jeune nourrisson, s’est absolument épuisée : tout son parenchyme est desséché ; il ne lui reste plus que le tissu réticulaire & fibreux, qui bientôt tombe absolument en pourriture, & par sa combinaison avec la terre, devient partie nourrissante de son propre fils. C’est ainsi que la nature fait servir tous les êtres à la réproduction les uns des autres. Quelques mois suffisent pour qu’on puisse distinguer dans le cayeux toutes ses parties essentielles ; & en cela ils sont plus prompts que les boutons des branches ligneuses, auxquels il faut presque toujours deux ans pour être totalement formés.

Le détail que nous venons de donner sur la production des cayeux, explique un phénomène bien naturel, mais qui paroît singulier dans la pratique du jardinage fleuriste. Quelques cultivateurs industrieux des tulipes ont soin de mettre un morceau de brique ou d’ardoise sous l’oignon. Quelle est leur surprise, lorsque venant à retirer de terre leur oignon vers la fin de l’été, ils sont tout étonnés de le trouver déplacé, & quelquefois hors de l’ardoise ! Mais leur surprise cessera bientôt, lorsqu’ils feront attention que ce n’est plus l’oignon qu’ils avoient mis en terre qu’ils retrouvent, mais celui qui a crû à côté : c’est un cayeux devenu oignon. M. M.

L’oignon est composé de tuniques qui se recouvrent circulairement les unes sur les autres. Elles sont très-distinctes lorsque le cayeux a acquis sa perfection. La nature les a placées ainsi pour défendre & conserver le germe, puisque toute la plante est renfermée dans l’oignon. Mais elles ont encore la propriété d’être elles-mêmes de véritables cayeux, ou d’excellentes boutures. (Voyez ce mot) Puisque si l’on sépare une de ces tuniques, & qu’on la plante, elle produira un véritable cayeux, qui se changera à son tour en un véritable oignon. Cette découverte est très-importante pour les amateurs des belles tulipes, hyacinthes, &c.


CÉDRAT. (Voyez Citronnier)


CÈDRE. M. Tournefort place les cèdres dans la quatrième section de la dix-neuvième classe, qui comprend les arbres & arbrisseaux à fleurs en chaton, dont les fleurs mâles sont séparées des fleurs femelles sur le même pied, & dont les fruits sont des baies molles ; & M. von Linné le classe dans la monœcie monadelphie.

Comme je n’ai cultivé aucune espèce des cèdres nouvellement découverts, je vais copier ce qui en a été dit par M. le baron de Tschoudi, si connu par son excellent Traité sur les arbres toujours verts, & par les articles intéressans qu’il a insérés dans le Supplément du Dictionnaire Encyclopédique, & je parlerai ensuite des autres cèdres.

Caractères génériques. Fleur d’une seule pièce, divisée par le bord en cinq parties. Il s’y trouve cinq étamines adhérentes à un embryon arrondi, qui devient une silique ovale à cinq cellules. Celles-ci ont chacune cinq valvules à double couverture, & s’ouvrent de bas en haut. La couverture extérieure est épaisse & boiseuse ; l’intérieure est très-mince, & recouvre immédiatement la semence. Cette semence est épaisse à sa base ; mais dans sa partie supérieure, elle