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fermes, nerveuses & entières, avec un pétiole très-court ; elles sont ordinairement au nombre de cinq.

Racine, ligneuse, rameuse.

Port. L’arbre s’élève très-haut, jette beaucoup de branches dont le bois est dur. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles disposées en grappes.

Les feuilles sont alternes, & subsistent pendant l’hiver.

Lieu. L’Italie, l’Archipel, la Provence, le Bas-Languedoc.

Propriétés. Le fruit est doux, fade, mucilagineux, pectoral, adoucissant, laxatif.

Les siliques servent de nourriture aux bestiaux & les engraissent. Pour l’homme, c’est un fruit assez dégoûtant quand il est vert, & passable lors de sa maturité. Sa décoction peut être utile dans les rhumes, la toux.

Les feuilles peuvent servir à la préparation des cuirs, en manière de tan, & le bois est aussi dur & aussi utile que celui du chêne vert.

Cet arbre figure très-bien dans les bosquets d’hiver. On ne peut, en France, le cultiver que dans les bons abris de nos provinces méridionales.


CARPE, Carpeau. Ces deux mots n’ont pas la même signification, ils sont ici accolés ensemble pour ne pas en faire deux articles.

I. De la Carpe. La carpe est un poisson d’eau douce, qui vit & grossit dans les rivières, les étangs & les viviers, &c. Il est trop commun & trop connu pour le décrire. Ceux qui desireront connoître sa description anatomique, pourront lire le mémoire de M. Petit, dans les volumes de l’académie des sciences de Paris, année 1733, p. 197, & l’observation rapportée par M. Morand, page 51 de l’Histoire de l’année 1737. Quoique ces détails soient fort curieux, il n’entre pas dans le plan de notre Ouvrage de les placer ici.

Au mot Étang, on parlera des soins qu’on doit donner à ce poisson, afin qu’il y grossisse, & devienne un objet de commerce. Quant à la carpe de rivière, la providence veille à sa nourriture, & lui a fourni les moyens de se la procurer.

Il est faux que la carpe se nourrisse de limon, ainsi qu’il est dit dans le Dictionnaire économique de Chomel. Si elle avale du limon, c’est pour lester son estomac, ne trouvant pas autre chose ; mais le limon ne la nourrit point. Elle mange des vers, des insectes aquatiques, des herbes tendres. Une feuille de laitue est pour elle un morceau friand ; & elle en laisse la côte complétement dépouillée.

La carpe & les poissons en général, sont une grande ressource pour détruire les cousins, insectes très-persécuteurs dans les pays chauds. Le cousin (voyez ce mot) naît dans l’eau sous la forme d’un petit ver ; & ce ver est, heureusement pour nous, fort recherché par le poisson.

Il est bien démontré, d’après les expériences de M. Petit, que la fécondité de la carpe est prodigieuse. Voici comment il s’explique : « Ayant eu la curiosité de savoir combien il y avoit d’œufs dans une carpe de dix-huit pouces de longueur, y compris la tête & la queue, je mis dans une balance une quantité de ces œufs, égale au poids d’un grain ; & les ayant ensuite comptés, j’en trouvai soixante-onze ou soixante-douze. Toute la masse des œufs de cette